dimanche 22 mai 2005

Nos vies entre nos mains réunies

Ce texte a été réservé et paraîtra prochainement sur support papier.

vendredi 20 mai 2005

Poussière dans le vent, promesses non tenues

Parfois, ça me prend, comme une antique douleur, des pixels égarés sur un CD, des yeux immenses qui se tournent vers moi, interrogatifs, depuis le passé...

Le Chuch a été castré hier. Cela n'a pas l'air de beaucoup le gêner, et ses miaulements ne sont pas interogatifs, il sait, lui la valeur des choses qui restent. David a eu son permis de conduire.

Et moi, je me sens vieux, tout d'un coup. Hier encore des larmes brûlantes dans le vent, hier encore des douleurs qui me disaient que j'existe. Mais est venue la poussière, mais sont venus les vents du temps, souffler leur haleine sèche sur mes yeux trop ouverts.

Synchronicité et ses échos... Luminalba, silhouette floue qui semble s'éloigner à mesure que j'avance dans le temps. Tout ce que j'ai fait, dans ma vraie vie, est-ce que cela a plus de poids que les bulles d'un poisson-chat ?

Le CD gratte comme un vinyle... Février 1950, Chicago, la ville des vents :

I went to my baby aww... And I stand on aww, on her stair... She said come on in, muddy...

Le rythme est toujours le même, simplissme, les accords de guitare sèche minimalistes, mais la musique me hante. Peut-être est-il temps de quitter la mare, peut-être est-il temps de laisser galoper les chevaux loin d'ici...

Rends-moi mes ailes, Luminalba, j'ai tant besoin de voir le monde d'en haut, tant besoin de me sentir vivant, tant besoin de lumière... S'il te plaît, blanche licorne, s'il te plaît, muse impalpable et immatérielle, s'il te plaît, mon rêve de beauté... Fais-moi m'envoler, une fois encore, ouvre la porte de mes rêves, juste une fois...

Les temps du printemps parfois sont si noirs, si secs, si pleins de poussière. Mes yeux me brûlent, et dans l'eau les parfums se noient.

Respirer, l'espace d'un instant, le parfum de ta chevelure. Et laisser le vent emporter la poussière... M'emporter ailleurs, vers l'arche de lumière...

Il ne sourit guère, le poisson-chat. Il est vieux. Excuse-le, Luminalba... Excuse-le, il a bu trop d'eau croupie, il a trop usé ses yeux à regarder l'intérieur de son crâne. Demain, il ira mieux, peut-être.