lundi 24 décembre 2007

Conte de Noël


C'est le réveillon, ce soir, Luminalba. Je ne crois pas que cela signifie grand chose pour les licornes, mais pour les humains, c'est un temps de fête. C'est un temps de contes, aussi. Les contes de Noël finissent toujours mal, et sont porteurs de messages, c'est la tradition qui veut ça. Et s'ils ne comprennent pas, ils pourront demander à Lucie. Elle sait, elle, c'est même elle qui m'avait appris l'incident à l'origine de cette nouvelle. Alors, Luminalba, pour les humains qui nous lisent, et parce que je leur adresse mes meilleurs voeux de joie pour ce réveillon, je leur ai écrit ce petit conte. Joyeux Noël, le monde. Joyeux Noël.

Fils du vent, voleur de poules


Cette nouvelle est parue dans l'anthologie "Identités" parue aux éditions Glyphe

mardi 13 novembre 2007

D'où les histoires viennent...

Début d'une histoire... Premier jet, brut de décoffrage, tapé à la volée comme ça venait. Un jour, je la finirai. Quand j'aurai plus de temps.

Valeur de sang, valeur de temps

Il était une fois la fille de l'empereur de Chine, qui s'en allait en son équipage de par les chemins du monde, devisant de choses et d'autres avec son précepteur et sa servante. Il était cette même fois un pauvre paysan célibataire, sur le bord des routes du monde, qui y avait un champ, y cultivait des légumes et s'y trouvait pour retourner la terre avec ses moyens de pauvre paysan célibataire. Il faisait beau, et le soleil brillait ainsi qu'il en va quand des événements tels que ceux que je vais vous conter se produisent.

Dans le carrosse, la fille de l'empereur discutait de la valeur des choses quand elle vit, courbé en deux, gris sur le brun clair de terre retournée, le pauvre paysan célibataire.

- Ainsi donc, dis-tu, précepteur, sang a valeur de roi quand temps a valeur de paysan ?
- Il en est ainsi, sublime fille de l'empereur, c'est ainsi que vont les choses de par les chemins du monde. Sang pour les rois, parce le temps leur appartient, temps pour les paysans, puisque le sang leur appartient."

La fille de l'empereur de Chine était têtue et n'aimait pas ne pas comprendre. Or, les paroles de son précepteur, pourtant emplies de sagesse selon ses dires, semblaient très obscures, un galimatias dans lequel elle comprenait les mots et leur arrangement, mais non leur sens réel.

Aussi, elle fit arrêter le carrosse passé un tournant, pour que ne la reconnaisse pas pour ce qu'elle était le pauvre paysan célibataire, et en descendit. Empruntant les vêtements de sa servante, elle descendit et se changea dans un fourré, puis alla à la rencontre du pauvre paysan célibataire afin de connaître que pouvait être valeur, pour un paysan, et quelle était valeur, pour un fille d'empereur.

- Bonjour, paysan. "

Les yeux baissés, ce dernier ne répondit pas. Il avait, à la tenue de l'inconnue, reconnu une personne de haut rang, servante d'un noble personnage, et son rang ne lui permettait pas de l'importuner avec sa grossièreté. Mais, du reflet de sa houe, il vit les yeux de la fille de l'empereur de Chine, et son jugement en fut troublé ; car voici : elle avait de splendides yeux en amande ; clairs, et qui tranchaient sur la pâleur de son visage et la noirceur de sa chevelure. Et le paysan souffrait d'être célibataire. Aussi, au bout d'un moment, et voyant que la belle apparition ne s'en était pas allée, il répondit :

- Bonjour, belle fille noble.
- Que fais-tu là, paysan ?
- De ma houe, je brise la terre et la retourne, afin qu'elle soit revivifiée par le soleil et porte à nouveau, l'an prochain et en abondance, les légumes que je vais y semer.
- Un an ? C'est long, paysan, pour pouvoir manger à nouveau. "

Grattant sa terre, le pauvre paysan célibataire ne répondit pas. C'était ainsi qu'allaient les choses, pour lui. Une année pour préparer la terre, une année pour faire pousser et récolter, et une année pour s'en nourrir. Il en allait ainsi, et ce n'était pas la peine, à ses yeux, d'en dire plus.

- Montre-moi, paysan, comment tu agis, et laisse-moi agir de même.
- Montrez-moi vos mains, belle fille noble. "

Elle fit ce qu'il lui demanda, et lui, émerveillé, contemplant les longs doigts fins et blancs, la peau fine et délicate sous laquelle battaient des veines bien rouges, soupira d'aise, les yeux ravis par cette merveilleuse vision.

- Je ne le peux, belle fille noble. Vos mains seraient abîmées par ce travail, et ce serait grossier de ma part de gâcher leur beauté. Regardez mes mains et comprenez. "

Il lui montra ses mains, de rudes mains de pauvre paysan célibataire, emplies de cals et de corne, aux rides emplies de terre, aux ongles courts et cassés.

- Voici mes mains, belle fille noble. Voici ce que de retourner la terre en a fait. Ne me demandez pas d'infliger un traitement identique aux deux colombes que sont vois mains.
- Ah, il suffit. Quand j'ordonne, tu dois obéir. Montre-moi, je veux savoir. "

Alors, la mort dans l'âme, le pauvre paysan célibataire prit sa houe, la plaça dans les mains de la fille de l'empereur de Chine, et, se plaçant dans son dos, lui saisit les bras au niveau des coudes et les leva.

- Il est lourd, ton instrument, paysan.
- Je ne le trouve pas lourd, puisque c'est grâce à lui que je me nourris. Mais je comprends qu'il en aille ainsi pour vous.
- Et ensuite, quand l'instrument est levé, que fais-tu ?
- Voici, j'en abats le tranchant sur le sol, et pousse le manche pour que se soulève la terre. "

Et ainsi, dans la douce journée ensoleillée sur les bords des chemins du monde, le paysan apprenait à la fille de l'empereur de Chine comment sarcler et retourner la terre, abîmant ses mains douces et fines sur le bois grossier de sa houe, lui prenant la taille pour mieux lui montrer comment ne pas se fatiguer trop vite, enivré malgré lui par son parfum précieux de fille de l'empereur de Chine ; et quand ses mains rudes et grossières de pauvre paysan célibataire frôlaient les douces colombes qu'étaient les mains de la fille de l'empereur de Chine, il en était à chaque fois bouleversé.

- C'est douloureux, paysan, dans mes mains.
- Montrez-moi, belle fille noble. "

Elle étendit ses mains ainsi que les plumes de la roue d'un paon, et il vit au beau milieu d'icelles, perle rubis sur la neige de sa peau immaculée, une goutte de sang.

- Il suffit, à présent, belle fille noble. A quoi bon gâcher encore la douceur et la blancheur de vos paumes sur le bois de la houe ? La vie de pauvre paysan célibataire n'est pas pour vous, et vous en avez appris assez pour aujourd'hui. "

Elle le regarda, et dans sa figure, elle vit un soleil qui brillait bien plus chaud que le soleil de son précepteur. Mais il commençait à se faire tard, et elle vit, brillant au loin et se rapprochant, les armures des soldats du roi, qui s'inquiétaient de ne plus la voir et avaient quitté l'équipage.

Aussi, plaquant très rapidement un baiser léger comme une plume sur la joue du pauvre paysan célibataire, elle le quitta et s'en retourna vers le carrosse au-delà du tournant de la route, serrant au creux de sa main une goutte de sang. Elle fit signe aux soldats d'attendre, et se changea dans les fourrés, avant de regagner le véhicule, cependant que le pauvre paysan célibataire continuait de retourner la terre pour la vivifier dans le soir qui s'en venait.

Le temps passa, la perle de rubis au creux de la main de la fille de l'empereur de Chine sécha et s'envola, ne laissant qu'une petite trace blanche et fine en souvenir de ce qu'elle avait manié la houe, ce jour-là, sur les bords des chemins du monde.

A quelques temps de là, à la veille des célébrations de l'an neuf, l'empereur de Chine fit convoquer sa fille dans la grande salle couverte de nacre et lui parla, alors qu'il était assis dans son trône en écailles de dragon, savourant un thé dans lequel il faisait tourner une petite cuillère de vermeil.

- Ma fille, tu vas bientôt être en âge de te marier ; il me faut te choisir un époux. Mais tu sais que je t'aime, et je ne veux pas en choisir un qui n'ait pas ta convenance. Aussi, dis-moi : y en a-t-il un qui ait ta préférence ?
- Je ne le sais pas, père, je n'en ai pour l'heure trouvé aucun qui me convienne tout à fait. Ton vizir est fort sage, mais il a au fond de l'œil comme une lueur mauvaise et qui me fait peur, quand il me regarde et ne sait pas que je l'observe. Concernant ton chambellan, je ne sais ce qu'il pense vraiment, tant il excelle à cacher ses pensées. Si le capitaine de ta garde est fort bien fait, il ne sait parler que de sang et d'honneur. Quant à nos voisins, ils sont tous fort âgés et je ne goûte guère aux plaisirs qu'ils affectionnent. Je ne sais, père, lequel prendre...
- Il ne presse pas trop que tu arrêtes ton choix, ma fille adorée, mais le royaume ne saurait trop attendre. Aussi, je te laisse une année pour ce faire. L'an prochain, lors des célébrations de l'an neuf, tu annonceras ton choix à ma cour. "

Ainsi fut proclamé, avant que les fusées de l'an neuf n'illumine le ciel et que les pétards chassent les mauvais esprits, de par les routes du monde, la nouvelle que l'an prochain la fille de l'empereur prendrait un époux.

Une année passa. A la cour de l'empereur de Chine, tous complotaient pour obtenir les faveurs de la fille de l'empereur, mais cette dernière à tous se refusait. Tel était trop ceci, tel autre trop cela, et aucun ne lui convenait. Le grand vizir, qui de tous était le plus empressé, fit appel à un magicien, qui amena dans une pièce secrète de nombreux appareils étranges qui zonzonnaient, crépitaient et bruissaient étrangement, avec sur leur face des cadrans qui tournaient en tous sens et affichaient des valeurs sans cesse changeantes.

Dans son champ, au bord des routes du monde, le pauvre paysan célibataire avait semé et, parce qu'il avait l'amour des plantes qui poussent et savait y faire pour vivifier la terre, ses légumes poussèrent en abondance. Il les emmena au marché, mais ils avaient tant et tant poussé qu'il ne put tous les vendre, et se retrouva néanmoins en possession d'une belle somme d'argent pour un pauvre paysan célibataire. Il mit des choux en jarre pour les faire fermenter, il mit des courgettes, des aubergines et d'autres plantes encore en bocaux pour l'hiver, récolta et fit sécher son riz et ses autres céréales, prépara et ainsi fit des provisions pour toute l'année à venir. Contemplant, dans le cellier, toutes ses provisions, il en était content, et remercia les dieux ainsi qu'il se devait. Il pensait parfois à cette belle fille noble dont il avait fait couler le sang, et, étrangement, cette pensée ne lui faisait pas peur. Quand virent les temps des célébrations de l'an neuf, il s'en alla à la grande ville pour y assister aux festivités.

La fille de l'empereur de Chine n'avait pas arrêté son choix, et ne savait que faire pour annoncer la nouvelle à son père. Reculant le moment, elle se taisait. Quand vint le moment des festivités, elle monta dans son carrosse et parcourut les rues de la grande ville, cachée derrière les rideaux et observant la foule qui se pressait, étourdie du bruit des pétards qui éclataient de toutes parts, enivrée de joie et de ferveur. Au sein de cette foule, le pauvre paysan célibataire regardait passer le somptueux équipage et se souvenait des mains comme des colombes de la jeune fille noble, de la douceur de sa taille quand il l'avait prise pour lui montrer comment manier la houe, et de l'éclat, sauvage et imprévisible, étincelle de bonheur, de ses lèvres sur sa joue quand elle l'avait embrassée. Mais un paysan ne saurait convoiter une jeune fille noble, et il tentait de se résigner.

- Tu es célibataire certes, mon ami, mais tu es aussi pauvre et paysan. N'espère pas contempler tous les jours de ta vie ce qui ne fut qu'un rêve, contente-toi de ton statut et cherche plutôt, en ce jour de liesse, une compagne qui te soit accessible. "

Voici ce qu'il se disait alors que, les yeux pleins d'étoiles, il contemplait le passage de l'équipage somptueux de la fille de l'empereur de Chine. Mais les hommes sont ainsi faits que jamais tout à fait ils ne renoncent à leurs rêves, et il suivit le cortège jusqu'aux grilles du grand palais.

mercredi 20 juin 2007

jeudi 10 mai 2007

Elisabeth

Cette nouvelle paraîtrai prochainement aux éditions Asteroide, pour liseuses électroniques.

vendredi 6 avril 2007

Ici et maintenant


Me revoilà, ma licorne, ma Luminalba. Je me suis tu, je le sais bien.

Mais ce silence m'était nécessaire.

Il était beau, du moins je le crois.


Et tu es restée belle, aussi, dans mes rêves.


J'ai reçu ce matin au courrier un colis qui contenait les services presse de (Pro)Créations.


Je ne pouvais pas mettre ici la nouvelle de ma plume qui y figure.


Alors je t'offre, en compensation, Bella Bartok, perchée sur un pommier dans le verger.


Je reviendrai bientôt, ma douce muse. Tu me connais, n'est-ce-pas, tu sais comment je suis, et tu me pardonneras mes absences.
A bientôt