mercredi 9 novembre 2005

Muddy Waters, de nouveau

You Can't Lose What You Ain't Never Had

Had a sweet little girl, I lose my baby, boy ain't that bad
Had a sweet little girl, I lose my baby, boy ain't that bad
You can't spend what you ain't got,you can't lose some little girl you ain't never had
Had money in the bank, I got busted, people ain't that bad
Had money in the bank, I got busted, people ain't that bad
You can't spend what you ain't got, you can't lose some little girl you ain't never had
Ain't that the truth boys
Had a sweet little home, it got burned down, people ain't that bad
My own fault, people ain't that bad
Well you know you can't spend what you ain't got,you can't lose some blues you ain't never had
Have mercy!
Sweet little home, got burned down, people ain't that bad
Yeah you know I had a sweet little home, it got burned down, people ain't that bad
Whoa you know you can't spend what you ain't got,you can't lose some little girl you ain't never had

Etouffement

Il n'y a plus d'eau dans la mare du poisson-chat, juste de la boue sur laquelle je tressaute encore quelques instants, attendant je ne sais quoi, guettant je ne sais plus qui.
Et ce silence, qui rugit dans mon crâne, et ces mots, tant espérés et qui manquent à l'appel. Quelque chose est en train de mourir, et combien cela est douloureux.

mardi 18 octobre 2005

Dangereuse pleine lune

Tu sais, il ne faut pas regarder l'astre de nuit dans les yeux, quand il est plein. C'est ainsi que l'on se brûle les yeux. C'est ainsi que, poisson-chat faisant des bulles au fond de la vase, on se prend pour un seigneur de la forêt, que l'on sort de son trou, et que, brutalement, on suffoque...

Il y en a eu, du sel, dans la mare, aujourd'hui. Mais mes yeux se sèchent doucement.

Un cicatrice de plus dans les poumons. La Lune est dangereuse quand elle est pleine. Elle te fait croire qu'il fait jour, que tout est possible. Et puis, brutalement, tu réalises qu'il fait nuit, que les feux-follets que tu voyais danser ne sont pas des rêves potentiels, mais simplement des feux-follets, des gaz de décomposition qui spontanément s'enflamment.

Il ne pleut pas aujourd'hui. J'ai tellement besoin de pluie, cependant...

samedi 23 juillet 2005

Autour de la lune, de nombreuses étoiles

Cela faisait longtemps, n'est-ce pas ?
T'ais-je manqué ? Je ne crois pas. Les choses vont et viennent, les gens ne sont sont, à tout prendre, que des épiphénomènes,de l'écume à la surface des choses, volant dans le vent nocturne, leurs traces s'éffaçant au gré des rythmes de la vie. Désolé d'avoir gardé le silence. Mais, quand on manque d'air, on l'économise, bouffée après bouffée, on évite de parler pour ne pas rompre le silence de l'immuable, de ce qui nous dépasse, de ce qui est au-delà de nous.

Tu m'a manqué, mon âme... Tant et tant que je suis sec, feuille morte ballotée à la brise chaude ; quelques arêtes au fond de l'eau qui lentement se décomposent dans la mare, près de la fontaine.

Et j'ai bu, pourtant,à cette fontaine. Trop, peut-être...

Mais il y a la pleine lune. Il y a ces étoiles, tout autour, ces étincelles éclairant la nuit, et je tourne et retourne au fond, si près de la vase. Mais il y a cet espoir mais il y a ces souvenirs de choses jamais encore advenues, ce souvenir factice de te savoir si proche...

Il y a, je le sais, l'eau entre nous, qui fait que je ne puis te rejoindre, l'eau qui me fait respirer et me maintient...
L'eau qui coule de tes yeux, l'eau qui coule des miens.
Sel et eau... Bretagne, Brocéliande...

Et le fer...


Bientôt je reviendrai, Luminalba, Ma licorne... Bientôt.

Porte-toi bien, il Me faut encore un peu d'oxygène avant de pouvoir à nouveau te parler.

A bientôt, le monde

dimanche 22 mai 2005

Nos vies entre nos mains réunies

Ce texte a été réservé et paraîtra prochainement sur support papier.

vendredi 20 mai 2005

Poussière dans le vent, promesses non tenues

Parfois, ça me prend, comme une antique douleur, des pixels égarés sur un CD, des yeux immenses qui se tournent vers moi, interrogatifs, depuis le passé...

Le Chuch a été castré hier. Cela n'a pas l'air de beaucoup le gêner, et ses miaulements ne sont pas interogatifs, il sait, lui la valeur des choses qui restent. David a eu son permis de conduire.

Et moi, je me sens vieux, tout d'un coup. Hier encore des larmes brûlantes dans le vent, hier encore des douleurs qui me disaient que j'existe. Mais est venue la poussière, mais sont venus les vents du temps, souffler leur haleine sèche sur mes yeux trop ouverts.

Synchronicité et ses échos... Luminalba, silhouette floue qui semble s'éloigner à mesure que j'avance dans le temps. Tout ce que j'ai fait, dans ma vraie vie, est-ce que cela a plus de poids que les bulles d'un poisson-chat ?

Le CD gratte comme un vinyle... Février 1950, Chicago, la ville des vents :

I went to my baby aww... And I stand on aww, on her stair... She said come on in, muddy...

Le rythme est toujours le même, simplissme, les accords de guitare sèche minimalistes, mais la musique me hante. Peut-être est-il temps de quitter la mare, peut-être est-il temps de laisser galoper les chevaux loin d'ici...

Rends-moi mes ailes, Luminalba, j'ai tant besoin de voir le monde d'en haut, tant besoin de me sentir vivant, tant besoin de lumière... S'il te plaît, blanche licorne, s'il te plaît, muse impalpable et immatérielle, s'il te plaît, mon rêve de beauté... Fais-moi m'envoler, une fois encore, ouvre la porte de mes rêves, juste une fois...

Les temps du printemps parfois sont si noirs, si secs, si pleins de poussière. Mes yeux me brûlent, et dans l'eau les parfums se noient.

Respirer, l'espace d'un instant, le parfum de ta chevelure. Et laisser le vent emporter la poussière... M'emporter ailleurs, vers l'arche de lumière...

Il ne sourit guère, le poisson-chat. Il est vieux. Excuse-le, Luminalba... Excuse-le, il a bu trop d'eau croupie, il a trop usé ses yeux à regarder l'intérieur de son crâne. Demain, il ira mieux, peut-être.

mercredi 27 avril 2005

Du coin de l'oeil, des baies de morelle noire et un chat blanc

Je ne suis jamais très loin, tu sais...

Je me cache au fond de l'eau, dans les remous de la vase, et l'on m'oublie souvent. Avec le temps, va, tout s'en va, faut croire.

Que te dire ? Des excuses ? Il y en aura toujours, et ce ne seront jamais que des circonstances, au minimum, atténuantes. Le temps, on en fait ce qu'on veut, après tout. Il va, il vient, il nous appartient tellement qu'on oublie d'en tenir compte.

Alors voilà, je vais te dire une très vieille histoire.

Cela se passe il y a longtemps, dans une vie d'homme, il y a quarante ans. Un petit garçon, blond au yeux bleus, et sa soeur dans la cour d'une maison, dans un petit village plein de géraniums au fenêtres en été. Je me souviens qu'il y avait un magasin, une quincaillerie, je crois, dans ce village, et que ce magasin s'appelait Trescher. Je ne savais pas lire, mais je déchiffrais déjà les lettres. Plus tard, j'en ai beaucoup ri.

Il y avait de la morelle noire, dans la cour, qui poussait dans un coin vaguement herbeux. On ne sait rien à cinq ans. La fille n'avait que six ans, elle ne savait rien non plus.
"Oh, des myrtilles, mange, c'est bon, les myrtilles, maman aime tellement ça..."
C'est vrai que c'est délicieux, les myrtilles, même si je n'en avais jamais mangé ; ma mère nous avait dit, émue, comment elle les ramassait, ironie de l'histoire, ici même en Brocéliande, quand elle était étudiante à Rennes.

Alors les sirènes, l'hôpital, les murs peints en vert luisant, les néons tranchants de lumière, le tuyau enfoncé de force dans la gorge, et l'eau qui coule, et la cuvette, verte, qui se remplit. Et la douleur au fond de la gorge, la panique de ceux qui jamais ne paniquent puisqu'ils sont les piliers du monde, mes parents, la honte de vomir en public, les terribles crampes de l'estomac malmené.

Et l'incompréhension, la peur de mourir, à 5 ans...

Les monstres, dans mon enfance, me terrifiaient moins que les humains.

J'ai été puni pour avoir mangé du poison. Ma soeur a été félicitée pour avoir donné l'alerte. Elle aussi en avait mangé, mais elle l'a nié, et on l'a crue, même quand, pour essayer d'empêcher qu'elle meure de ce poison, je l'ai dit. On n'a pas lavé son estomac. Je n'ai plus rien compris. Alors j'ai réfléchi.

Tout ne passe pas, avec le temps. Il est des accidents qui marquent les organes vitaux à vie.

Longtemps, j'ai souffert de crises de foie. Il y avait le lit que je ne quittais pas durant une ou deux semaines. Il y avait la bassine juste à côté, qui peu à peu se remplissait, de plus en plus liquide, jaune. Il y avait les douleurs, les incessantes douleurs qui mettent en nage et font tourner la tête, qui réveillaient en plein milieu de la nuit et faisaient hurler de rage.

Mon corps a fini par signer la paix avec mon foie.
Ma tête n'a jamais pu s'y résigner.

Crise de foi, perte de foi en l'humain, aux dieux qu'il crée. Ca, plus quelques écorchures, plus la haine aux basques comme moyen de survie. Mais on survit, n'est-ce pas ? On survit toujours. Même quand, à l'âge de cinq ans, on efface le monde. Il n'y a pas d'âge pour devenir solipsiste.

Juste comme ça, on survit et on avance, un pas après l'autre.

Une bouffée d'eau au fond de la vase, un frétillement de la queue, et on finit par remonter vers la lumière. Non parce que c'est vital, mais simplement comme ça, un peu par curiosité, beaucoup par habitude.

C'est mon plus ancien souvenir, Luminalba. Je l'avais oublié, perdu de vue, la vie me l'a rendu, mais je n'en veux plus. En veux-tu, toi, de ce gros paquet de vase qui remonte en tourbillonnant du plus profond du lit de la rivière ? Je ne veux pas te l'offrir, c'est un cadeau empoisonné. De la morelle noire. Une plante qui pousse à côté de la fumeterre, sur le même genre de terrain, un peu poussiéreux, très sale, très vague.

Ton reflet me manque, licorne, le reflet de ta magie guérisseuse, l'éclat des lunes sur la nacre de ta corne. L'espoir aussi, le rêve, tout ce qui gomme l'habitude. Tu es tout cela, Luminalba, blanche lumière. Alors je te convoque à nouveau, mes entrailles à l'air pour l'extase de te savoir vivante.

Mais la vie, n'est-ce pas ? Et le temps que l'on passe penché sur ses blessures, comme disait ma soeur licorne, à gratter la croûte pour voir si ça saigne toujours, pour voir si l'on existe ou si l'on n'est qu'un rêve.

Un poisson chat, ce n'est qu'un songe qu'on oublie, une image fugace, entrevue et déjà disparue.

Un éclat de couleur au coin de l'oeil et rien de plus.

Bonne nuit, ma forêt, bonne nuit, le petit Peuple. Le Chuch, qui a tellement grandi, miaule pour sortir affronter le renard qui maraude aux abords du poulailler. Blanc dans la nuit, proie trop aisée pour le hibou grand duc qui hulule le soir au bord de l'étang du Pas du Houx. Désolé, le Chuch. Ta nuit sera avec moi, tu le sais et tu ronronnes déjà.

Bonne nuit, les licornes. Bientôt, je vous reviendrai. Mais l'heure est au léchage de plaies, et mes larmes dans l'eau perdent leur saveur. Il n'est de silence éternel en Brocéliande, puisque même la mort y ouvre ses portes, à une date pas très éloignée de mon anniversaire.

Bonne nuit, le monde. Le Chuch lèche, de sa langue râpeuse, le bout de ton nez, ainsi qu'il a coutume de me faire. Il est comme ça, le Chuch. Il nettoie, même si ça fait mal. C'est sa façon de dire son amour. Il est blanc comme une licorne.

mardi 15 mars 2005

Printemps

Ainsi s'en vint le printemps, à la faveur d'un rayon de soleil chauffant doucement les bourgeons des arbres fruitiers qui bientôt seront en fleurs...

Dans la mare tourne toujours le poisson-chat, sans trêve car c'est sa nature. Une ombre de loup s'est profilée à la surface ; excuse-moi du retard, Luminalba, douce licorne, excuse les mots qui pas encore n'ont franchi la barrière de mon esprit. Mais l'ombre du loup m'a bloqué, a empli mon âme, et il fallait que jaillisse ce cri pour que je puisse m'en retourner vers toi.

Mais voilà, le loup s'en est allé, hier j'ai taillé les branches mortes aux troncs des arbres et dorénavant je peux rire et chanter, libre enfin.

Car voici, c'est que le printemps est là, c'est que chantent les oiseaux aux alentours de la longère, c'est que le Chuch fait le fou en jouant avec les chiennes en se prenant pour le maître des lieux, c'est que les poules rousses, se regorgeant, grosses commères austères, font bouffer leurs plumes d'un air pincé en s'indignant de ce qu'elles ne puissent quitter leur basse-cour, jeunes et tendres pousses de salade obligent.

C'est le printemps, Luminalba, le temps de la lumière, le temps où danser sur les champignons en compagnie du Petit Peuple, le temps où s'émerveiller de la floraison des digitales dans les fossés, le temps des crocus jaunes qui éclaboussent de soleil le vert cru et flamboyant, presque fluo, de la pelouse.

C'est le temps où bientôt, très bientôt, je continuerai ton histoire.

Bonjour, le monde, il fait soleil en Brocéliande, aujourd'hui, et c'est un jour magnifique pour rire et danser.

mardi 22 février 2005

Le temps

Ces mots-là ne sont pas de moi ; peut-être les as-tu déjà entendus, je les ai volés à un cadavre oublié, dont le crâne n'est plus couvert par une mousse neigeuse de pensées anarchistes. Car c'est toujours l'hiver, ici, le temps du sommeil, le temps des souvenirs. Je me souviens comme tu disais que tu ne pouvais pas travailler en ma présence ; je me souviens comme, sous une identité d'emprunt, j'avais été le vérifier, et j'en avais été ému ; mais avec le temps, même les plus chouettes souvenirs, ça t'a une de ces gueules à la galerie j'farfouille dans les rayons de la mort, le samedi soir quand la tendresse s'en va toute seule.

Avec le temps, va, tout va bien...

Tu t'es faite invisible, tu t'es faite présence fantômatique, reflet d'écume sur la mer des souvenirs embellis par la nostalgie. Et l'on se sent tout seul peut-être mais peinard, et l'on se sent floué par les années perdues...

Alors, probablement, avec le temps, tu ne m'aimes plus, si tu m'as jamais aimé ; le coeur, quand ça bat plus, c'est pas la peine d'aller chercher plus loin, faut laisser faire et c'est très bien.

Combien de licornes venues boire dans la mare où je planque les souvenirs, tout au fond, sous la vase ? Tant et tant, tant de temps passé, et seul un reflet pour savoir que je n'ai pas rêvé tout seul. Combien de licornes, combien de cornes plongeant dans l'onde, quand seul un reflet encore me murmure la tendresse chérie des souvenirs qui se délitent ?

Luminalba, oh ma blanche lumière de licorne, mon plus beau souvenir, mes plus belles gouttes salées, rouges ou transparentes, Goethe mourant appelait pour plus de lumière, mais je ne suis pas allemand ...

Mais peut-être n'est-il plus temps de passer les heures à écouter Léo, peut-être que la poussière finira par m'empêcher de respirer ; sur le CD, j'ai gravé Cow-boy Junky qui chante : Won't you share a common disaster ? Share with me a common disaster ? A common distaster...

Les mots filent entre mes doigts comme du sable, comme le temps, et je ne sais que t'écrire, comment ramener de la vase les sourires que tu m'offrais comme poussaient les roses, éblouissantes et vite passées, comme un flash de lumière qui figerait le temps. Ou encore, ces moments où sous ton mépris apparent, je sentais poindre la douleur que je t'avais infligée.

Il est une autre chanson, sur ce CD, de Nick Cave, qui elle aussi a le pouvoir de soulever la poussière pour en faire les colonnes sur lesquels je bâtis, à l'aide de lettres, le temple où t'abriter : What they say here is true, then we'll meet again, me and you".

L'eau a gelé dehors, dans les flaques, et je m'asphyxie dans ma tête, je manque d'air... Offre-moi ton souffle, offre-moi tes lèvres, et respirons ensemble.
This prayer is for you, my love, sent on the wings of a dove, an idiot prayer of empty words...
Piano et violon, ligne de basse, puis silence... Ne me laisse pas étouffer au fond de la mare, j'ai besoin de printemps et d'arbres feuillus, de chants d'oiseaux et de digitales au fond des fossés, de rires et de joies, de sabots résonnant sur la terre qui sonne comme un tambour, de mouvement et d'élan ; mais pour toi, je râpe ma peau à l'écorce des souvenirs, je puise à l'encre des remords et de la tristesse, de ce qui fut et ne sera plus, de ce qui aurait pu être et ne sera pas, de tout ce que je sais de toi et de tout ce que j'ignore encore.

A bientôt, Luminalba, à bientôt, les licornes, à bientôt, le monde... Le printemps viendra. Forcément. Un jour ou l'autre.

mardi 8 février 2005

Pluie d'hiver sur Brocéliande...

... Et la terre, sèche, boit l'eau, revit, espère, rêve.

Cette nuit, deux yeux, au ras du sol, une biche dans un fossé jouait à se faire passer pour un renard ; biche ou licorne ? L'équinoxe d'hiver s'éloigne, la vie reprend ses droits.

Pluie d'hiver aussi, sur mon âme : froide, glaçante même, mais revigorante. Tu peux lire, Lucie, tout, désormais, puisque tu as désaltéré mes rêves ;-)

Luminalba ne sera probablement pas montrée au jour ainsi que prévu à l'origine... Mais bientôt, elle secouera sa crinière au-dessus de la fontaine de Barenton, et viendra l'orage, gardez les yeux ouverts.

David m'a prêté un CD de Bjorn Berge, un bluesman du froid (Norvégien, si je me souviens bien) ; dessus, grosse surprise, il y a une reprise de "Ace of Spades". je ne m'attendais pas à ça, mais peut-être que c'est cela, le rythme qui convient pour faire sortir Luminalba, pour l'amener hors des sombres sous-bois en pleine lumière. Mais prenez garde, car seules les âmes pures voient les licornes.

Et vous, ne baissez pas les cornes, licornes, même quand l'une de vos soeurs menace de s'écrouler, même quand sourd le sang bleu des écorchures de son passé ; faites front, car les temps sont froids, peut-être même sommes-nous au coeur de l'hiver de l'homme. Il est des douleurs qui nous apprennent à vivre en commun, et bien souvent elles sont très proches de nos angoisses profondes.

Au poisson-chat, qui tourne en rond au fond de la rivière, presque à sec avant l'arrivée de la pluie d'hiver, il reste le blues pour mettre du chaud dedans le corps. Pluie d'hiver, pluie d'hiver... Quelle importance la pluie quand on est mouillé, dit la carpe. Fouillons le fond, sous la vase se trouvent encore de gros vers à déguster, des bébés dragons à dévorer, des cauchemars à digérer. Et le poisson-chat tourne, tourne, tourne, sur la musique de Bjorn Berge, c'est bon, ça, coco, bientôt, bientôt, bientôt... (Demain on rase gratis)

Bon appétit, bons rêves, le monde. Il est tard, et je dois m'en aller dormir.

dimanche 30 janvier 2005

A l'heure où les licornes vont boire

Voici l'heure, elle est venue, et déjà la nouvelle avance, près de 8.000 caractères, et ce n'est que l'intro, aux reflets d'Ukraine, au rythme où bat le coeur de ma forêt.

Luminalba et Ponthus, puis les trois moineaux et Ponthus. Bientôt, tout sera fini, bientôt, le sang sèchera et les feuilles mortes s'envoleront sous le vent.

Bientôt.

Très bientôt,

A bientôt, le monde.


mardi 25 janvier 2005

Cherchant la lumière

Tout au bout de la nuit, il me faut chercher la lumière. Parce que c'est ainsi que les hommes vivent : en consommant la misère du monde, en exposant leurs plaies pour pouvoir exister dans le regard d'autrui, en comparant leurs blessures pour espérer regarder le soleil et les étoiles, pour se sentir vivre.

C'est dans ces heures silencieuses, où rien n'existe qui ne soit enclos dans nos crânes, que peut poindre la lumière. C'est par les larmes que j'existe, c'est leur sel qui donne du relief à mon existence. C'est la souffrance qui ouvre les portes du ciel, disait, à peu de choses près, Martin Luther. C'est par la souffrance d'être que l'on apprend à devenir meilleur, disait, à peu de choses près, Gautama. C'est notre kharma, disaient ses disciples. C'est mon métier, disait Margaret.

Qui suis-je, stringer, pour ainsi offrir à mes lecteurs leur dose régulière de douleur, de larmes et de tristesse ? Où va notre monde, si c'est ainsi que je puis m'insérer parmi mes semblables ? Car ainsi je participe de cet élan vers le pathos, vers la lutte entre Eros et Thanatos, entre la pulsion de vivre et la pulsion de mourir ; c'est cela qui fait je prends ma place parmi vous.

Il est légitime de crier lorsque l'on souffre, mais cette légitimité nous donne-t-elle le droit d'écouter les cris ? Je ne le sais pas. Il n'est pas de degrés, il me semble, dans la souffrance. Alors, s'approprier les douleurs de l'autre pour, à l'aune de nos vies encagés dans les contraintes sociales, les comparer aux nôtres pour en atténuer la portée, cela constitue-t-il un devoir de mémoire ou un devoir de légitimation ? On ne peut que se sentir coupable d'avoir souffert, et de contempler la souffrance d'autrui atténue cette culpabilité. Car il n'est point de peine pour notre rédemption, pour le deuil de nos aspirations.

Au coin de la longère où j'habite, il est un vieux chêne, âgé probablement d'au moins deux cents ans. Sous certains éclairages, parmi les reliefs de son écorce se dessine un visage, comme celui d'un ent. Il était pleine lune, cette nuit, quand je suis sorti, et ses yeux m'ont suivi du regard. Je lui ai demandé où était la voie, mais il n'a pas répondu. Les affaires des hommes ne sont pas pour les gardiens de la forêt, les hommes vont et viennent trop vite, ils ne sont que des épiphénomènes naturels. Et leurs questions, leurs interrogations... La pluie qui manque à la terre, en ce moment, est bien plus vitale.

Chercher la lumière, tout au fond du lit de la rivière, sous les pierres et dans la vase ; chercher encore et toujours, les étincelles qui font de nous des êtres vivants et sapiens ; l'indécence, la grossièreté de cette démarche est ce qui nous construit, ce qui nous permet d'évoluer parmi nos semblables. En découvrant, parmi les ordures et la crasse, l'éclosion d'une rose, je me sens vivre, je me sens pleurer des larmes de joie, je me dis que...

Car tel est le poisson-chat, fouissant le fond de l'eau pour y trouver sa substance.

Mes rêves sont douloureux, mais tellement beaux. Je ne suis pas fait pour être un animal grégaire. J'aime les promenades silencieuses en forêt, où seuls les chants d'oiseaux, le murmure de l'eau et le souffle du vent dans les feuilles sont mes interlocuteurs. J'aime les silences où j'ai ma place, la seule qui vaille, la seule qui m'apporte la sérénité, où l'on m'accepte tel que je suis, non tel qu'on me voit ou tel qu'on me présente. C'est là qu'est ma lumière, mon paradis intérieur.

Luminalba, Luminalba, licorne blanche à la crinière noire, qui hante mes songes, qu'as-tu fais de moi, sinon une âme qui erre, seule dans la foule ? Le temps de l'éveil est de fer, le temps de l'éveil est de sel, et comme un enfant solitaire, je ferme les yeux et cherche, sur l'écran de mes papupières, le lait et le miel...

C'est triste, de vieillir, de comprendre qu'il n'est de lumière qu'au fond de la nuit, qu'au bout de nos détresses, quand l'insomnie nous tourne et nous retourne entre des draps froids. Et je sais ta lumière chaude, douce licorne, je sais la douceur de ton flanc et l'odeur suave de ta peau. Mais tu es d'un autre temps, d'un autre espace, et il n'y a que virtuellement que je peux te rejoindre.

Attendez encore, prenez patience, licornes venues boire au miroir des fées. L'enfant n'est pas encore né, il a pris forme, il bouge en moi, mais il n'a pas encore poussé son premier cri. Construisez patiemment, de crin et de chaleur, son berceau. Prenez votre temps car il n'est pas encore temps, dans l'espace de ce rêve, d'ouvrir le monde à une nouvelle douleur, à un nouveau cri qui apaisera les âmes en leur faisant partager la souffrance.

Je suis désolé, Lucie, une fois de plus... Mais, comme l'enfant que je porte en moi, je cherche encore la lumière, et aujourd'hui la nuit n'est pas encore morte malgré le soleil qui illumine Brocéliande.

vendredi 21 janvier 2005

Ozymandias

My name is Ozymandias, king of kings
Look on my works, ye mighty, and despair.
Nothing besides remains.
Round the decay of that colossal wreck,
Boundless and bare,
The lone and level sands stretch far away.

Shelley

J'ai pas appris ça, à l'école. C'est dommage...
J'ai appris ça tout à l'heure. Merci, Patrick. C'est vrai que c'est beau, Shelley. Mais comment écrire après cela ? Désolé, gens de passage ici. Demain, encore, peut-être...

jeudi 20 janvier 2005

Rouge est le sel

Cette nuit, dans l'eau, une goutte : rouge, fer et sel.

Autrefois, ici, on extrayait le fer pour en faire des clous. La terre saigne encore, dans le ruisseau qui coule au fond du Val sans Retour, tu l'as vue, l'eau qui coule, veinée, chantante au-dessous des ruines du pont. Je sais que tu n'as pas oublié, parce qu'il me reste l'image où, silencieuse, tu contemples l'arbre.

Il est des souvenirs que l'on n'oublie pas, qui demeurent en nous, gouttes de métal liquide qui coulent en nos artères et font de nous des robots dont la tâche, unique, est de survivre ; moins que l'humanité que rêvions, mais tellement plus que celle que nous voyons. Et cela est beau, car cela est vrai, au-delà des métaphores, au-delà des images, des licences et des ellipses. Car la beauté d'être se suffit à elle-même. Souffrir, peut-être est-ce prouver que nous sommes vivants, beaux de l'être encore malgré la douleur qui nous réduit au silence (très masculin, ce truc, par ailleurs, désolé).

Il est un troupeau de licornes en Brocéliande, et Limunalba n'est que l'une d'entre elles. Parfois, à la faveur d'une pleine lune, d'autres cornes se reflètent dans l'onde du miroir aux fées. Et, sur les arbres alentours, certaines marques l'indiquent fugitivement, cicatrices ligneuses où sont pris, parfois jusqu'au petit matin, des crins, blonds, noirs, bruns ou roux. Mais quand pointe l'aurore, quand s'anime le lieu, ces fragiles témoignages s'effacent. Qui sommes-nous, mâles humains encagés dans nos hormones, pour oser penser pouvoir, un jour, approcher les licornes ?

Le chat huant m'a accompagné tout à l'heure, alors que, sous le dais des nuages d'hiver, j'ai commis quelques pas sur l'herbe. Je lui ai parlé, il m'a répondu. Dormez braves gens, tout est calme, rien ne bouge, tout dort, dormez braves gens.

Rouge est le sel du monde ; rouge, chaud et salé. Tu as vu l'arbre, licorne venue boire l'eau à ma rivière, tu as vu comme il ouvrait les bras pour t'accueillir, après avoir accueilli Jora fuyant la Moldavie. Et tu sais, si tu y laisses un peu de crin, ce n'est pas grave, au matin, tout aura disparu dans le foisonnement des houx alentours. Aussi viens, approche-toi, il est encore plus beau en hiver, le hêtre sans feuilles, nu devant toi, uniquement vêtu de sa mousse duveteuse. Nul n'en saura rien, il est situé dans l'espace et le temps du rêve, au-delà de la virtualité ou de la réalité, et tu en connais la route, juste là, derrière ton front.

Mais les poissons ne parlent pas, et sous les feuilles mortes trempées de pluie, les anacondas n'ont pas leur place. Les ailes s'ouvrent la nuit, pourtant, et il n'est plus de silences en nos crânes quand souffle le vent nocturne.

Aujourd'hui fut une journée pleine de fracas, de cris, de bris de verre et de fureur. Mais tout est calme, à présent. Seule, sur le sol, tranchant sur le blanc du carrelage, une trace rouge : le sel de nos larmes. Le Chuch dort dans mes bras en ronronnant doucement. L'heure n'est pas venue d'écrire Luminalba (désolé, Lucie, désolé, Gya) ; d'autres licornes sont venues boire à ma rivière. Mais, demain, peut-être...

Oh, oui, demain, matin, très tôt, quand tout dort encore, même le soleil, quand le silence nous enveloppe comme une douce couverture, comme un songe confortable... Demain...

A demain, licorne, à demain, Luminalba, à demain, le monde. Il me faut encore rêver de vous avant de vous voir. Une nuit, encore, s'il vous plaît. Juste une nuit, tant il est beau ce rêve que je caresse, tant il me faut souffrir avant de l'exposer en place publique, avant de le perdre à jamais. Combien de mes rêves ainsi s'en furent, pourtant, morts désséchés parce que, les chérissant trop, je n'ai pas su les mettre au monde, les expulser de mon ventre. Je ne peux te perdre, mon doux rêve de licorne et de chevalier, pas maintenant, pas si tôt, et il me faut néanmoins dormir, rêver, peut-être. Excusez ma nuit, excusez mes rêves. Excusez-moi, mes rêves, si je vais vous abandonner à d'autres yeux, à d'autres âmes... C'est mon kharma, m'avait dit Margaret.

May your night be full of magnificent dreams, Gya, Irina, Christina, Laura, Diana, Julia. May all your nights be full of dreams, unicorns that sometimes drink water at this river full of red salt, iron and tears mixed together.

lundi 17 janvier 2005

La grande dame

A l'origine, je pensais écrire sur l'écriture, aujourd'hui. Mais je ne crois pas que je le ferai, finalement.

Le poisson-chat, aujourd'hui, fait des ronds de bonheur dans l'eau.

On m'a prêté un concert d'Heather Nova (à Cologne, en 96, je crois). J'en ai eu les larmes au yeux sur "Island" ; je connais cette chanson depuis l'année de sa sortie, mais à chaque fois, c'est pareil. Je craque.

Et puis, la grande dame. Florence Magnin m'avait promis quelque chose, et j'ai été le chercher (enfin) aujourd'hui ; je sais, j'aurai pu y aller plus tôt, mais...
Et c'est, en grand format, le poster du dessin que j'avais illustré pour le calendrier Nesti.

Trop d'émotion pour écrire ; le poisson-chat est gavé et dort dans la vase, les nageoires croisées sur son ventre replet. On verra ça la prochaine fois, genre d'ici quelques jours, le temps que ma digestion d'anaconda soit achevée.

dimanche 16 janvier 2005

3 moineaux sur les fils du téléphone

Je voulais te dire, aussi :

Dehors, sur le fil du téléphone, trois moineaux blottis attendent. Le monde va trop vite, trop vite. Je voudrais rejoindre une caravane pour avoir le temps de perdre mon temps. Je voudrais aller à Samarcande, parce que le nom de cette cité est splendide.

Ne lis pas ce qui suit, Lucie, tu ne voulais pas connaître la nouvelle et j'ai envie de la raconter. Alors je vais la raconter, à l'encre bleue. Comme ça, tu sauras quand tu pourras recommencer à lire.



La licorne s'appelle Luminalba. C'est la contraction de Lumina alba, lumière blanche en roumain. On a trouvé ça avec Gya.

Quatre saisons, quatre apparences, mais toujours la même âme, toujours la même beauté, qui irradie si fort qu'on en a mal aux yeux et à au coeur, qui qui nous rend si fort et si beaux.

Equinoxe de printemps, petite fée, frimousse pointue et chapeau en corolle de digitale, qui joue parmi les champignons
Solstice d'été, comme une magicienne au sommet de son art, qui habite les lacs et distribue les épées, à la voix qui tonne et à la peau douce
Equinoxe d'automne, vieille enchanteresse fatiguée, qui ouvre la porte des morts et s'en va les rejoindre
Solstice d'hiver, lumière froide, soupir, souffle, esprit qui berce les vivants et leur promet les printemps

Quatre instants pour une licorne à la peau blanche et à la noire crinière, qui rit en s'ébrouant dans la fontaine

Il y aura trois moineaux, qui porteront les voeux et les âmes. Il y aura de l'eau, des îles de feuilles mortes comme des oasis dans l'océan forestier. Il y aura des serments que l'on s'impose et des serments que l'on nous impose. Il y aura des salamandres et des couleuvres qui glissent en silence dans l'onde. Il y aura des ellipses et des licences qui seront des clés, et où seront cachés des messages secrets. Il y aura des silences, aussi, pour que résonne plus longtemps la musique.

Je ne sais pas encore s'il y aura l'inspecteur Leboeuf et Jean Dupont, en voiture, écoutant le Velvet Underground. Je ne sais pas encore s'il y aura une pauvre hère ballotée par le monde. Je ne sais pas encore si cela se passera avant ou maintenant. Je ne sais pas encore s'il y aura un acrostiche.

Mais je sais. Je sais que Ponthus, le postulant chevalier, aimera la licorne. Je sais qu'elle ne lui rendra pas exactement la pareille, même si... Parce qu'il est des mondes qui ne peuvent pas fusionner, tout au plus s'effleurer en de tendres et infimes points de contacts.

Et je sais comment tout cela finira, sous les branches du grand hêtre, quatre fois par an. Avec peut-être des touristes étonnés et incrédules. Avec peut-être un peu de papiers gras et de frites froides, pour faire plus vrai. Mais avec des choses que seuls verront ceux qui ont envie de lire.



Marcel dort sur le bureau, en boule, la queue repliés sous son ventre imposant. Oban et Dulcymer dorment sur le lit. Suzy dort sur la cheminée. Le Chuch dort dans le carton où je range les cartouches d'imprimantes vides. David dort dans son lit. Tout le monde dort ici, malgré le jour qui essaye en vain de percer les nuages. Aurore est partie travailler ce matin très tôt. Elle avait l'air en forme, et ma joue garde encore le souvenir ému du petit baiser qu'elle y a déposé avant de quitter le logis.

Cet après-midi, je vais mettre le vin de noix en bouteille. On le goûtera en dégustant la galette avec Christian et Jasmine, tout à l'heure. Je vais reprendre un café. C'est dimanche. Je suis bien, ici. A lundi, le monde.

Matin tôt sur Brocéliande

C'est Ned qui a été le facteur déclenchant, quand elle m'a demandé si je faisais la gueule, quand elle a dit que mes lecteurs se languissaient de mes écrits. Avant, y'avait eu Xavier, et encore avant Bruno Bordier. Bref, y'avait quelque chose comme ça dans l'air de mon temps de ma tête.

Dimanche matin brumeux sur Brocéliande. Les chiennes dorment sur le lit, en rond, leurs pattes s'agitant au rythme de leurs rêves. Le Chuch, chat blanc aux yeux bleus de son état, rôde aux abords de la cheminée, surveillant les braises à peine encore rougeoyantes, cherchant quelle va être la première connerie qu'il va commettre aujourd'hui. C'est l'heure silencieuse où les chats-huants vont se coucher et où les poules ouvrent un oeil. Silence, pas d'étoiles à cause des nuages bas.

"Well, my mother told my father just before I was born : I got a boy child coming, he's gonna be a rolling stone." No Jimi this morning, but original Muddy Waters inside. And there still swims the catfish in morning dusty water, looking for worms, looking to feed. Good morning everybody, from the lakes and rivers of my mind. May sun walk on your side all along the day. May shadows of dragons pass far away.

Je crois que je n'irai pas au marché ce matin. Hypertrichose palmaire.

I need more coffee. Lucie, j'ai essayé d'appeler le CIA hier, mais y'avait personne ; j'essayerai de nouveau lundi, je te tiens au courant. Ah oui, et merci à ceux que la nage matinale du poisson-chat intéresse. Et oui, Bruno, ceci est un blog. Mais comme je dis dans le message précédent, c'est pas parce que c'est écrit que c'est vrai. Sauf si c'est écrit en lettre de sang, bien sûr :-D

I saw Diana that other day : just a short bliss of her forehead, a short bliss of her arm. I recognize them both. But I had recognize how she wrote before. She was with Irene and Anna, her two models, and she didn't want to appair on screen. She told me she wants to come here. It was some lie, some bad joke that she seems sometimes to enjoy. We spoke a bit.

I understood a lot, that time. Why she sometimes was angry, upset. Why she spent so much time with me. And all the rest, that's not been told, that's hidden deep down under the stones laying in river.

No regrets, no more dead dreams. It's early morning, let's sit by my side under that huge oak, take my hand and wait for the sun to rise. It shall rise, I'm almost sure.

vendredi 14 janvier 2005

On démarre aujourd'hui / Starting today

"Yeah, have you heard of Mississipi ? Have you heard of Muddy Waters ? Of John Lee Hooker ? Give me a A".

L'an passé, j'avais rencontré un type plutôt très bien, qui m'avait prêté pleins de CDs de Jimi. Là-dessus, il y avait une version magistrale du Catfish de Muddy Waters. Quand tu veux pour récupérer tes CDs, Nicolas.

Bon. Quoi que je vais mettre dans ce blog ? Des trucs vrais, d'autres complètement inventés. J'ai juste envie d'expérimenter ce truc. Et de gagner du temps dans mes relations à autrui, aussi, histoire de soigner gentiment ma sociopathie. Alors, pour simplifier, entre mes délires, vous pourrez repérer les trucs vrais et sincères que je dirai ; ces portions de texte seront écrites en rouge. Il y aura des parties en anglais, des parties en français, bref, ce sera le gros bordel. Mais chacun devrait y retrouver de quoi satisfaire sa curiosité. Si vous voulez faire des commentaires, c'est en privé qu'il faut m'écrire, je n'ai pas envie de poster les états d'âme des mes lecteurs, c'est à eux de le faire, pas à moi ; si vous êtes ici, c'est que les bulles que fait un poisson-chat en remuant la vase de son crâne vous intéresse. Alors écrivez au poisson-chat.

Aidez à soigner son besoin de nécessaires liens sociaux.

On a tous besoin de rêves et de pluies de fées, de plumes d'anges et de nuages en ouate. Il est tôt, dehors il fait nuit. C'est l'heure du poisson-chat qui nage en rond, en boucle, en anneau de Moebius :
"Well I wish... I was a catfish ... Swimming in, Lord !, the deep blue sea ... I have all you, pretty women... Fishing after me."

What's written in red is real ; rest is only virtual.

We do all need dreams and faeries rain, angel feathers and cottonwool clouds. It's pretty early, there outside, still night. It's catfish's hour... What is real doesn't matter. What's virtual neither. Just dust is important, for it's what gives a taste and a colour to water. Brown, like earth...

Alors, ce matin, dans la boue de mon crâne qui peine à se réveiller, j'avais envie de chanter : "Oh Jim, how could you leave us this way, hey hey hey hey, how could you leave us this way ?" (ça, c'est du Lou Reed).

Ah, oui, aussi : j'existe toujours, je vais bien, et bonne année à tous ceux à qui je ne l'ai pas encore souhaitée.