Cette nouvelle est parue dans l'anthologie "Jeunesse Eternelle" parue aux éditions Lokomodo
lundi 21 juillet 2008
Quelques larmes, de l'eau au coeur de l'été
J'ai été absent longtemps, Luminalba. Mais je ne suis jamais bien loin, tu sais ?
Voici quelques larmes, de l'eau salée comme la mer. Je ne suis pas souvent quelqu'un de très gai, et pour me faire pardonner mes cris, pour donner à ceux qui nous lisent les clés pourcomprendre comment laisser l'eau couler sans y brûler l'âme ou le coeur, je vais ajouter une deuxème histoire, plus initiatique, plus chamanique.
A bientôt, le monde, à bientôt, les gens.
Capt'ain Bill
Papa met de l'huile, mais dit jamais rien, vu son caractère, comme dit maman. Maman, elle, elle met du harissa. Tu comprends, qu'elle me dit, c'est pour que l'os ait du goût. Moi, je m'en tape, du goût de l'os, tout ce que je sais, c'est que harissa, ça brûle grave et que j'aime pas ça.Pendant qu'ils font leurs trucs, moi, je ferme maximum les yeux et je pense au cap'tain Bill et comment je vais le torturer la prochaine fois que je vais le voir.
Le cap'tain Bill n'existe pas pour de vrai, faut pas non plus me prendre pour un naze légume, je sais bien que c'est une invention, mais moi, je trouve que c'est une invention maximum pratique et puis que c'est une invention que j'aime bien.
Avant, y'avait que papa, maman, elle faisait rien. Mais depuis qu'il y a eu ce soir, avec les milices et tout le reste, quand elle est rentrée maximum tard avec sa robe toute déchirée et que papa a rien dit du tout malgré que son shoot était trop vieux et qu'il a tout vu, alors ça l'a pris aussi, maman, je veux dire, mais pas comme papa, bien sûr, ce ne serait pas possible, je le sais, faut pas me prendre pour un naze légume. Maintenant, papa le fait plus souvent, et c'est devenu tous les soirs avant le câlin du dodo, papa ou maman, ça dépend des fois, mais jamais les deux.
Hier, j'ai pris le cap'tain Bill par les cheveux, les petits, tout derrière la nuque, puis j'ai tiré giga fort et il a crié, ça lui faisait mal, mais moi, ça me faisait plutôt du bien. Des fois, je le mords aussi, ou je lui arrache les bras. Il crie vraiment puissant fort, et moi ça me fait des choses. Mais je ne lui crève jamais les yeux, parce que ce serait très méchant et des fois il pourrait ne plus revenir même que ça me fait un peu peur ce qu'ils ont dit quand ils l'ont réparé pour la dernière fois.
Ça brûle, le harissa. Mais maman dit qu'elle est obligée d'en mettre, sans ça, elle dit qu'elle ne sent rien à cause des milices et tout ça et la robe déchirée que même papa a rien dit vu que c'est son caractère et comme tout fout le camp.
Quand j'ai essayé le harissa avec cap'tain Bill, c'était pas possible, parce que le cap'tain Bill, il est pas tout à fait vrai partout. Alors j'ai été faire un tour chez les poupées de papa. Elles, le harissa, elle connaissaient pas, le truc à papa, c'est plutôt l'huile et c'est normal, lui non plus, il n'aimerait pas le harissa, j'en suis sûr et certain même s'il n'en a jamais parlé, vu que de toutes façons il ne parle presque jamais et tout ça.
Le truc, pour arriver jusqu'aux poupées, c'est de choisir le bon passe, faut pas que je prenne le mien, sinon je me fais jeter, mais avec celui de papa, pas de problèmes, faut juste pas qu'on remarque que je l'ai piqué, alors j'ai surfé quand il était pas là. Les poupées, le harissa, ça les a brûlées aussi, mais les poupées de papa sont vraiment giga nazes connes comme pas deux, on dirait des poupées pour nazes légumes profonds et en plus, elles sont même pas belles à cause de leurs trucs noirs et rouges et de leurs bottes pointues de partout. En plus les poupées de papa sont même pas intelligentes, parce que malgré que ça les brûlait puissant fort le harissa, on dirait même plus que moi, elles en voulaient encore et me faisaient des gestes pour réclamer à cause qu'elles pouvaient pas parler à cause des baillons et des masques. Je n'aime pas les poupées de papa, je crois que je préfère le cap'tain Bill, il est moins con, lui au moins, c'est pas comme les poupées nazes connes à papa qui font rien que de se secouer quand on les touche, et quand on lui fait mal, au cap'tain Bill, je veux dire, et qu'il crie, au moins, c'est pour de vrai et pas dans le casque.
Hier, il y a une assistante qui est passée, la vieille, celle qui a des poils dans le nez et des grosses lunettes qu'on dirait des projecteurs et qui pue vraiment, et elle m'a demandé si tout allait bien, si ça allait les leçons sur la télécole, si j'étais content du cap'tain Bill, le genre de conneries habituelles qu'elle pose toujours, quoi. Moi, j'ai répondu tout va bien, rien de neuf docteur, alors elle a rigolé et s'est branchée avec ses trodes persos sur la borne du net pour interroger cap'tain Bill. Il ne lui dira jamais rien, cap'tain Bill, pour le harissa et l'huile. J'ai mis un verrou sur ses datas. Mais bon, la vieille, elle s'est rendu compte de quasirien, alors elle a vidé cap'tain Bill de ses datas pirates, ensuite elle s'est tirée sans attendre papa et maman et j'ai de nouveau été seul. Alors je suis parti surfer et torturer mon cap'tain Bill.
L'huile, le harissa, je ne sais pas si c'est bien ou si c'est mal. Papa veut pas que j'en parle, et maman non plus. Le harissa, ça brûle, et puis l'huile, j'aime pas, après, je suis puissant sale dedans et dehors et même des fois quand il n'y en a pas assez ça fait mal aussi. Mais je ne dis rien, ils sont tous les deux si gentils après, on dirait même pas un papa et une maman de la réalité, on dirait un papa et une maman de la publicité. C'est pour ça que je ne dis rien, parce que alors je les aime tellement très fort, mon papa et ma maman.
lundi 24 décembre 2007
Conte de Noël
C'est le réveillon, ce soir, Luminalba. Je ne crois pas que cela signifie grand chose pour les licornes, mais pour les humains, c'est un temps de fête. C'est un temps de contes, aussi. Les contes de Noël finissent toujours mal, et sont porteurs de messages, c'est la tradition qui veut ça. Et s'ils ne comprennent pas, ils pourront demander à Lucie. Elle sait, elle, c'est même elle qui m'avait appris l'incident à l'origine de cette nouvelle. Alors, Luminalba, pour les humains qui nous lisent, et parce que je leur adresse mes meilleurs voeux de joie pour ce réveillon, je leur ai écrit ce petit conte. Joyeux Noël, le monde. Joyeux Noël.
Fils du vent, voleur de poules
Cette nouvelle est parue dans l'anthologie "Identités" parue aux éditions Glyphe
mardi 13 novembre 2007
D'où les histoires viennent...
Début d'une histoire... Premier jet, brut de décoffrage, tapé à la volée comme ça venait. Un jour, je la finirai. Quand j'aurai plus de temps.
Valeur de sang, valeur de temps
Il était une fois la fille de l'empereur de Chine, qui s'en allait en son équipage de par les chemins du monde, devisant de choses et d'autres avec son précepteur et sa servante. Il était cette même fois un pauvre paysan célibataire, sur le bord des routes du monde, qui y avait un champ, y cultivait des légumes et s'y trouvait pour retourner la terre avec ses moyens de pauvre paysan célibataire. Il faisait beau, et le soleil brillait ainsi qu'il en va quand des événements tels que ceux que je vais vous conter se produisent.
Dans le carrosse, la fille de l'empereur discutait de la valeur des choses quand elle vit, courbé en deux, gris sur le brun clair de terre retournée, le pauvre paysan célibataire.
- Ainsi donc, dis-tu, précepteur, sang a valeur de roi quand temps a valeur de paysan ?
- Il en est ainsi, sublime fille de l'empereur, c'est ainsi que vont les choses de par les chemins du monde. Sang pour les rois, parce le temps leur appartient, temps pour les paysans, puisque le sang leur appartient."
La fille de l'empereur de Chine était têtue et n'aimait pas ne pas comprendre. Or, les paroles de son précepteur, pourtant emplies de sagesse selon ses dires, semblaient très obscures, un galimatias dans lequel elle comprenait les mots et leur arrangement, mais non leur sens réel.
Aussi, elle fit arrêter le carrosse passé un tournant, pour que ne la reconnaisse pas pour ce qu'elle était le pauvre paysan célibataire, et en descendit. Empruntant les vêtements de sa servante, elle descendit et se changea dans un fourré, puis alla à la rencontre du pauvre paysan célibataire afin de connaître que pouvait être valeur, pour un paysan, et quelle était valeur, pour un fille d'empereur.
- Bonjour, paysan. "
Les yeux baissés, ce dernier ne répondit pas. Il avait, à la tenue de l'inconnue, reconnu une personne de haut rang, servante d'un noble personnage, et son rang ne lui permettait pas de l'importuner avec sa grossièreté. Mais, du reflet de sa houe, il vit les yeux de la fille de l'empereur de Chine, et son jugement en fut troublé ; car voici : elle avait de splendides yeux en amande ; clairs, et qui tranchaient sur la pâleur de son visage et la noirceur de sa chevelure. Et le paysan souffrait d'être célibataire. Aussi, au bout d'un moment, et voyant que la belle apparition ne s'en était pas allée, il répondit :
- Bonjour, belle fille noble.
- Que fais-tu là, paysan ?
- De ma houe, je brise la terre et la retourne, afin qu'elle soit revivifiée par le soleil et porte à nouveau, l'an prochain et en abondance, les légumes que je vais y semer.
- Un an ? C'est long, paysan, pour pouvoir manger à nouveau. "
Grattant sa terre, le pauvre paysan célibataire ne répondit pas. C'était ainsi qu'allaient les choses, pour lui. Une année pour préparer la terre, une année pour faire pousser et récolter, et une année pour s'en nourrir. Il en allait ainsi, et ce n'était pas la peine, à ses yeux, d'en dire plus.
- Montre-moi, paysan, comment tu agis, et laisse-moi agir de même.
- Montrez-moi vos mains, belle fille noble. "
Elle fit ce qu'il lui demanda, et lui, émerveillé, contemplant les longs doigts fins et blancs, la peau fine et délicate sous laquelle battaient des veines bien rouges, soupira d'aise, les yeux ravis par cette merveilleuse vision.
- Je ne le peux, belle fille noble. Vos mains seraient abîmées par ce travail, et ce serait grossier de ma part de gâcher leur beauté. Regardez mes mains et comprenez. "
Il lui montra ses mains, de rudes mains de pauvre paysan célibataire, emplies de cals et de corne, aux rides emplies de terre, aux ongles courts et cassés.
- Voici mes mains, belle fille noble. Voici ce que de retourner la terre en a fait. Ne me demandez pas d'infliger un traitement identique aux deux colombes que sont vois mains.
- Ah, il suffit. Quand j'ordonne, tu dois obéir. Montre-moi, je veux savoir. "
Alors, la mort dans l'âme, le pauvre paysan célibataire prit sa houe, la plaça dans les mains de la fille de l'empereur de Chine, et, se plaçant dans son dos, lui saisit les bras au niveau des coudes et les leva.
- Il est lourd, ton instrument, paysan.
- Je ne le trouve pas lourd, puisque c'est grâce à lui que je me nourris. Mais je comprends qu'il en aille ainsi pour vous.
- Et ensuite, quand l'instrument est levé, que fais-tu ?
- Voici, j'en abats le tranchant sur le sol, et pousse le manche pour que se soulève la terre. "
Et ainsi, dans la douce journée ensoleillée sur les bords des chemins du monde, le paysan apprenait à la fille de l'empereur de Chine comment sarcler et retourner la terre, abîmant ses mains douces et fines sur le bois grossier de sa houe, lui prenant la taille pour mieux lui montrer comment ne pas se fatiguer trop vite, enivré malgré lui par son parfum précieux de fille de l'empereur de Chine ; et quand ses mains rudes et grossières de pauvre paysan célibataire frôlaient les douces colombes qu'étaient les mains de la fille de l'empereur de Chine, il en était à chaque fois bouleversé.
- C'est douloureux, paysan, dans mes mains.
- Montrez-moi, belle fille noble. "
Elle étendit ses mains ainsi que les plumes de la roue d'un paon, et il vit au beau milieu d'icelles, perle rubis sur la neige de sa peau immaculée, une goutte de sang.
- Il suffit, à présent, belle fille noble. A quoi bon gâcher encore la douceur et la blancheur de vos paumes sur le bois de la houe ? La vie de pauvre paysan célibataire n'est pas pour vous, et vous en avez appris assez pour aujourd'hui. "
Elle le regarda, et dans sa figure, elle vit un soleil qui brillait bien plus chaud que le soleil de son précepteur. Mais il commençait à se faire tard, et elle vit, brillant au loin et se rapprochant, les armures des soldats du roi, qui s'inquiétaient de ne plus la voir et avaient quitté l'équipage.
Aussi, plaquant très rapidement un baiser léger comme une plume sur la joue du pauvre paysan célibataire, elle le quitta et s'en retourna vers le carrosse au-delà du tournant de la route, serrant au creux de sa main une goutte de sang. Elle fit signe aux soldats d'attendre, et se changea dans les fourrés, avant de regagner le véhicule, cependant que le pauvre paysan célibataire continuait de retourner la terre pour la vivifier dans le soir qui s'en venait.
Le temps passa, la perle de rubis au creux de la main de la fille de l'empereur de Chine sécha et s'envola, ne laissant qu'une petite trace blanche et fine en souvenir de ce qu'elle avait manié la houe, ce jour-là, sur les bords des chemins du monde.
A quelques temps de là, à la veille des célébrations de l'an neuf, l'empereur de Chine fit convoquer sa fille dans la grande salle couverte de nacre et lui parla, alors qu'il était assis dans son trône en écailles de dragon, savourant un thé dans lequel il faisait tourner une petite cuillère de vermeil.
- Ma fille, tu vas bientôt être en âge de te marier ; il me faut te choisir un époux. Mais tu sais que je t'aime, et je ne veux pas en choisir un qui n'ait pas ta convenance. Aussi, dis-moi : y en a-t-il un qui ait ta préférence ?
- Je ne le sais pas, père, je n'en ai pour l'heure trouvé aucun qui me convienne tout à fait. Ton vizir est fort sage, mais il a au fond de l'œil comme une lueur mauvaise et qui me fait peur, quand il me regarde et ne sait pas que je l'observe. Concernant ton chambellan, je ne sais ce qu'il pense vraiment, tant il excelle à cacher ses pensées. Si le capitaine de ta garde est fort bien fait, il ne sait parler que de sang et d'honneur. Quant à nos voisins, ils sont tous fort âgés et je ne goûte guère aux plaisirs qu'ils affectionnent. Je ne sais, père, lequel prendre...
- Il ne presse pas trop que tu arrêtes ton choix, ma fille adorée, mais le royaume ne saurait trop attendre. Aussi, je te laisse une année pour ce faire. L'an prochain, lors des célébrations de l'an neuf, tu annonceras ton choix à ma cour. "
Ainsi fut proclamé, avant que les fusées de l'an neuf n'illumine le ciel et que les pétards chassent les mauvais esprits, de par les routes du monde, la nouvelle que l'an prochain la fille de l'empereur prendrait un époux.
Une année passa. A la cour de l'empereur de Chine, tous complotaient pour obtenir les faveurs de la fille de l'empereur, mais cette dernière à tous se refusait. Tel était trop ceci, tel autre trop cela, et aucun ne lui convenait. Le grand vizir, qui de tous était le plus empressé, fit appel à un magicien, qui amena dans une pièce secrète de nombreux appareils étranges qui zonzonnaient, crépitaient et bruissaient étrangement, avec sur leur face des cadrans qui tournaient en tous sens et affichaient des valeurs sans cesse changeantes.
Dans son champ, au bord des routes du monde, le pauvre paysan célibataire avait semé et, parce qu'il avait l'amour des plantes qui poussent et savait y faire pour vivifier la terre, ses légumes poussèrent en abondance. Il les emmena au marché, mais ils avaient tant et tant poussé qu'il ne put tous les vendre, et se retrouva néanmoins en possession d'une belle somme d'argent pour un pauvre paysan célibataire. Il mit des choux en jarre pour les faire fermenter, il mit des courgettes, des aubergines et d'autres plantes encore en bocaux pour l'hiver, récolta et fit sécher son riz et ses autres céréales, prépara et ainsi fit des provisions pour toute l'année à venir. Contemplant, dans le cellier, toutes ses provisions, il en était content, et remercia les dieux ainsi qu'il se devait. Il pensait parfois à cette belle fille noble dont il avait fait couler le sang, et, étrangement, cette pensée ne lui faisait pas peur. Quand virent les temps des célébrations de l'an neuf, il s'en alla à la grande ville pour y assister aux festivités.
La fille de l'empereur de Chine n'avait pas arrêté son choix, et ne savait que faire pour annoncer la nouvelle à son père. Reculant le moment, elle se taisait. Quand vint le moment des festivités, elle monta dans son carrosse et parcourut les rues de la grande ville, cachée derrière les rideaux et observant la foule qui se pressait, étourdie du bruit des pétards qui éclataient de toutes parts, enivrée de joie et de ferveur. Au sein de cette foule, le pauvre paysan célibataire regardait passer le somptueux équipage et se souvenait des mains comme des colombes de la jeune fille noble, de la douceur de sa taille quand il l'avait prise pour lui montrer comment manier la houe, et de l'éclat, sauvage et imprévisible, étincelle de bonheur, de ses lèvres sur sa joue quand elle l'avait embrassée. Mais un paysan ne saurait convoiter une jeune fille noble, et il tentait de se résigner.
- Tu es célibataire certes, mon ami, mais tu es aussi pauvre et paysan. N'espère pas contempler tous les jours de ta vie ce qui ne fut qu'un rêve, contente-toi de ton statut et cherche plutôt, en ce jour de liesse, une compagne qui te soit accessible. "
Voici ce qu'il se disait alors que, les yeux pleins d'étoiles, il contemplait le passage de l'équipage somptueux de la fille de l'empereur de Chine. Mais les hommes sont ainsi faits que jamais tout à fait ils ne renoncent à leurs rêves, et il suivit le cortège jusqu'aux grilles du grand palais.
mercredi 20 juin 2007
jeudi 10 mai 2007
Elisabeth
Cette nouvelle paraîtrai prochainement aux éditions Asteroide, pour liseuses électroniques.
vendredi 6 avril 2007
Ici et maintenant

Me revoilà, ma licorne, ma Luminalba. Je me suis tu, je le sais bien.
Mais ce silence m'était nécessaire.
Il était beau, du moins je le crois.
Et tu es restée belle, aussi, dans mes rêves.
J'ai reçu ce matin au courrier un colis qui contenait les services presse de (Pro)Créations.
Je ne pouvais pas mettre ici la nouvelle de ma plume qui y figure.
Alors je t'offre, en compensation, Bella Bartok, perchée sur un pommier dans le verger.
Je reviendrai bientôt, ma douce muse. Tu me connais, n'est-ce-pas, tu sais comment je suis, et tu me pardonneras mes absences.
A bientôt
samedi 4 février 2006
... et nos peurs,si proches
Tu sais, Luminalba, je pense toujours à toi. Je te sais proche, présente en moi, et je rêve...
Alors, parce que les poissons-chats se nourrissent de tout ce qui tombe dans ma mare, voici, Luminalba, quelques images de mes peurs du futur.
Leboeuf se paye une toile
Alors, parce que les poissons-chats se nourrissent de tout ce qui tombe dans ma mare, voici, Luminalba, quelques images de mes peurs du futur.
Leboeuf se paye une toile
Cette nouvelle est parue dans le recueil "Sanshôdo" paru aux éditions Ad Astra
mardi 24 janvier 2006
La vie, la mort, le temps, nous peut-être...
Souvent, du fond de ma mare, si froide en cette saison, me parviennent d'étanges échos. Est-ce mon coeur qui parle alors, est-ce mon âme qui tente de retrouver le chemin de ma mémoire ?
Tout homme, peut-être, est un loup qui rêve... Voici, Luminalba, comment s'en allèrent les loups d'ici.
La dernière chasse
Cette nouvelle, remaniée, paraîtra prochainement sur un support papier.
Tout homme, peut-être, est un loup qui rêve... Voici, Luminalba, comment s'en allèrent les loups d'ici.
La dernière chasse
Cette nouvelle, remaniée, paraîtra prochainement sur un support papier.
dimanche 15 janvier 2006
De songes et de bulles d'air au creux de l'hiver
Tourne le poisson-chat au fond de sa mare, cherchant à discerner, par delà la glace qui l'emprisonne, les ombres des licornes...
Conte de la forêt qu’on désertée les licornes
Conte de la forêt qu’on désertée les licornes
Cette nouvelle paraîtra prochainement aux éditions Asteroide, pour liseuses électroniques
mercredi 9 novembre 2005
Muddy Waters, de nouveau
You Can't Lose What You Ain't Never Had
Had a sweet little girl, I lose my baby, boy ain't that bad
Had a sweet little girl, I lose my baby, boy ain't that bad
You can't spend what you ain't got,you can't lose some little girl you ain't never had
Had money in the bank, I got busted, people ain't that bad
Had money in the bank, I got busted, people ain't that bad
You can't spend what you ain't got, you can't lose some little girl you ain't never had
Ain't that the truth boys
Had a sweet little home, it got burned down, people ain't that bad
My own fault, people ain't that bad
Well you know you can't spend what you ain't got,you can't lose some blues you ain't never had
Have mercy!
Sweet little home, got burned down, people ain't that bad
Yeah you know I had a sweet little home, it got burned down, people ain't that bad
Whoa you know you can't spend what you ain't got,you can't lose some little girl you ain't never had
Etouffement
Il n'y a plus d'eau dans la mare du poisson-chat, juste de la boue sur laquelle je tressaute encore quelques instants, attendant je ne sais quoi, guettant je ne sais plus qui.
Et ce silence, qui rugit dans mon crâne, et ces mots, tant espérés et qui manquent à l'appel. Quelque chose est en train de mourir, et combien cela est douloureux.
Et ce silence, qui rugit dans mon crâne, et ces mots, tant espérés et qui manquent à l'appel. Quelque chose est en train de mourir, et combien cela est douloureux.
mardi 18 octobre 2005
Dangereuse pleine lune
Tu sais, il ne faut pas regarder l'astre de nuit dans les yeux, quand il est plein. C'est ainsi que l'on se brûle les yeux. C'est ainsi que, poisson-chat faisant des bulles au fond de la vase, on se prend pour un seigneur de la forêt, que l'on sort de son trou, et que, brutalement, on suffoque...
Il y en a eu, du sel, dans la mare, aujourd'hui. Mais mes yeux se sèchent doucement.
Un cicatrice de plus dans les poumons. La Lune est dangereuse quand elle est pleine. Elle te fait croire qu'il fait jour, que tout est possible. Et puis, brutalement, tu réalises qu'il fait nuit, que les feux-follets que tu voyais danser ne sont pas des rêves potentiels, mais simplement des feux-follets, des gaz de décomposition qui spontanément s'enflamment.
Il ne pleut pas aujourd'hui. J'ai tellement besoin de pluie, cependant...
Il y en a eu, du sel, dans la mare, aujourd'hui. Mais mes yeux se sèchent doucement.
Un cicatrice de plus dans les poumons. La Lune est dangereuse quand elle est pleine. Elle te fait croire qu'il fait jour, que tout est possible. Et puis, brutalement, tu réalises qu'il fait nuit, que les feux-follets que tu voyais danser ne sont pas des rêves potentiels, mais simplement des feux-follets, des gaz de décomposition qui spontanément s'enflamment.
Il ne pleut pas aujourd'hui. J'ai tellement besoin de pluie, cependant...
samedi 23 juillet 2005
Autour de la lune, de nombreuses étoiles
Cela faisait longtemps, n'est-ce pas ?
T'ais-je manqué ? Je ne crois pas. Les choses vont et viennent, les gens ne sont sont, à tout prendre, que des épiphénomènes,de l'écume à la surface des choses, volant dans le vent nocturne, leurs traces s'éffaçant au gré des rythmes de la vie. Désolé d'avoir gardé le silence. Mais, quand on manque d'air, on l'économise, bouffée après bouffée, on évite de parler pour ne pas rompre le silence de l'immuable, de ce qui nous dépasse, de ce qui est au-delà de nous.
Tu m'a manqué, mon âme... Tant et tant que je suis sec, feuille morte ballotée à la brise chaude ; quelques arêtes au fond de l'eau qui lentement se décomposent dans la mare, près de la fontaine.
Et j'ai bu, pourtant,à cette fontaine. Trop, peut-être...
Mais il y a la pleine lune. Il y a ces étoiles, tout autour, ces étincelles éclairant la nuit, et je tourne et retourne au fond, si près de la vase. Mais il y a cet espoir mais il y a ces souvenirs de choses jamais encore advenues, ce souvenir factice de te savoir si proche...
Il y a, je le sais, l'eau entre nous, qui fait que je ne puis te rejoindre, l'eau qui me fait respirer et me maintient...
L'eau qui coule de tes yeux, l'eau qui coule des miens.
Sel et eau... Bretagne, Brocéliande...
Et le fer...
Bientôt je reviendrai, Luminalba, Ma licorne... Bientôt.
Porte-toi bien, il Me faut encore un peu d'oxygène avant de pouvoir à nouveau te parler.
A bientôt, le monde
T'ais-je manqué ? Je ne crois pas. Les choses vont et viennent, les gens ne sont sont, à tout prendre, que des épiphénomènes,de l'écume à la surface des choses, volant dans le vent nocturne, leurs traces s'éffaçant au gré des rythmes de la vie. Désolé d'avoir gardé le silence. Mais, quand on manque d'air, on l'économise, bouffée après bouffée, on évite de parler pour ne pas rompre le silence de l'immuable, de ce qui nous dépasse, de ce qui est au-delà de nous.
Tu m'a manqué, mon âme... Tant et tant que je suis sec, feuille morte ballotée à la brise chaude ; quelques arêtes au fond de l'eau qui lentement se décomposent dans la mare, près de la fontaine.
Et j'ai bu, pourtant,à cette fontaine. Trop, peut-être...
Mais il y a la pleine lune. Il y a ces étoiles, tout autour, ces étincelles éclairant la nuit, et je tourne et retourne au fond, si près de la vase. Mais il y a cet espoir mais il y a ces souvenirs de choses jamais encore advenues, ce souvenir factice de te savoir si proche...
Il y a, je le sais, l'eau entre nous, qui fait que je ne puis te rejoindre, l'eau qui me fait respirer et me maintient...
L'eau qui coule de tes yeux, l'eau qui coule des miens.
Sel et eau... Bretagne, Brocéliande...
Et le fer...
Bientôt je reviendrai, Luminalba, Ma licorne... Bientôt.
Porte-toi bien, il Me faut encore un peu d'oxygène avant de pouvoir à nouveau te parler.
A bientôt, le monde
dimanche 22 mai 2005
Nos vies entre nos mains réunies
Ce texte a été réservé et paraîtra prochainement sur support papier.
vendredi 20 mai 2005
Poussière dans le vent, promesses non tenues
Parfois, ça me prend, comme une antique douleur, des pixels égarés sur un CD, des yeux immenses qui se tournent vers moi, interrogatifs, depuis le passé...
Le Chuch a été castré hier. Cela n'a pas l'air de beaucoup le gêner, et ses miaulements ne sont pas interogatifs, il sait, lui la valeur des choses qui restent. David a eu son permis de conduire.
Et moi, je me sens vieux, tout d'un coup. Hier encore des larmes brûlantes dans le vent, hier encore des douleurs qui me disaient que j'existe. Mais est venue la poussière, mais sont venus les vents du temps, souffler leur haleine sèche sur mes yeux trop ouverts.
Synchronicité et ses échos... Luminalba, silhouette floue qui semble s'éloigner à mesure que j'avance dans le temps. Tout ce que j'ai fait, dans ma vraie vie, est-ce que cela a plus de poids que les bulles d'un poisson-chat ?
Le CD gratte comme un vinyle... Février 1950, Chicago, la ville des vents :
I went to my baby aww... And I stand on aww, on her stair... She said come on in, muddy...
Le rythme est toujours le même, simplissme, les accords de guitare sèche minimalistes, mais la musique me hante. Peut-être est-il temps de quitter la mare, peut-être est-il temps de laisser galoper les chevaux loin d'ici...
Rends-moi mes ailes, Luminalba, j'ai tant besoin de voir le monde d'en haut, tant besoin de me sentir vivant, tant besoin de lumière... S'il te plaît, blanche licorne, s'il te plaît, muse impalpable et immatérielle, s'il te plaît, mon rêve de beauté... Fais-moi m'envoler, une fois encore, ouvre la porte de mes rêves, juste une fois...
Les temps du printemps parfois sont si noirs, si secs, si pleins de poussière. Mes yeux me brûlent, et dans l'eau les parfums se noient.
Respirer, l'espace d'un instant, le parfum de ta chevelure. Et laisser le vent emporter la poussière... M'emporter ailleurs, vers l'arche de lumière...
Il ne sourit guère, le poisson-chat. Il est vieux. Excuse-le, Luminalba... Excuse-le, il a bu trop d'eau croupie, il a trop usé ses yeux à regarder l'intérieur de son crâne. Demain, il ira mieux, peut-être.
Le Chuch a été castré hier. Cela n'a pas l'air de beaucoup le gêner, et ses miaulements ne sont pas interogatifs, il sait, lui la valeur des choses qui restent. David a eu son permis de conduire.
Et moi, je me sens vieux, tout d'un coup. Hier encore des larmes brûlantes dans le vent, hier encore des douleurs qui me disaient que j'existe. Mais est venue la poussière, mais sont venus les vents du temps, souffler leur haleine sèche sur mes yeux trop ouverts.
Synchronicité et ses échos... Luminalba, silhouette floue qui semble s'éloigner à mesure que j'avance dans le temps. Tout ce que j'ai fait, dans ma vraie vie, est-ce que cela a plus de poids que les bulles d'un poisson-chat ?
Le CD gratte comme un vinyle... Février 1950, Chicago, la ville des vents :
I went to my baby aww... And I stand on aww, on her stair... She said come on in, muddy...
Le rythme est toujours le même, simplissme, les accords de guitare sèche minimalistes, mais la musique me hante. Peut-être est-il temps de quitter la mare, peut-être est-il temps de laisser galoper les chevaux loin d'ici...
Rends-moi mes ailes, Luminalba, j'ai tant besoin de voir le monde d'en haut, tant besoin de me sentir vivant, tant besoin de lumière... S'il te plaît, blanche licorne, s'il te plaît, muse impalpable et immatérielle, s'il te plaît, mon rêve de beauté... Fais-moi m'envoler, une fois encore, ouvre la porte de mes rêves, juste une fois...
Les temps du printemps parfois sont si noirs, si secs, si pleins de poussière. Mes yeux me brûlent, et dans l'eau les parfums se noient.
Respirer, l'espace d'un instant, le parfum de ta chevelure. Et laisser le vent emporter la poussière... M'emporter ailleurs, vers l'arche de lumière...
Il ne sourit guère, le poisson-chat. Il est vieux. Excuse-le, Luminalba... Excuse-le, il a bu trop d'eau croupie, il a trop usé ses yeux à regarder l'intérieur de son crâne. Demain, il ira mieux, peut-être.
mercredi 27 avril 2005
Du coin de l'oeil, des baies de morelle noire et un chat blanc
Je ne suis jamais très loin, tu sais...
Je me cache au fond de l'eau, dans les remous de la vase, et l'on m'oublie souvent. Avec le temps, va, tout s'en va, faut croire.
Que te dire ? Des excuses ? Il y en aura toujours, et ce ne seront jamais que des circonstances, au minimum, atténuantes. Le temps, on en fait ce qu'on veut, après tout. Il va, il vient, il nous appartient tellement qu'on oublie d'en tenir compte.
Alors voilà, je vais te dire une très vieille histoire.
Cela se passe il y a longtemps, dans une vie d'homme, il y a quarante ans. Un petit garçon, blond au yeux bleus, et sa soeur dans la cour d'une maison, dans un petit village plein de géraniums au fenêtres en été. Je me souviens qu'il y avait un magasin, une quincaillerie, je crois, dans ce village, et que ce magasin s'appelait Trescher. Je ne savais pas lire, mais je déchiffrais déjà les lettres. Plus tard, j'en ai beaucoup ri.
Il y avait de la morelle noire, dans la cour, qui poussait dans un coin vaguement herbeux. On ne sait rien à cinq ans. La fille n'avait que six ans, elle ne savait rien non plus.
"Oh, des myrtilles, mange, c'est bon, les myrtilles, maman aime tellement ça..."
C'est vrai que c'est délicieux, les myrtilles, même si je n'en avais jamais mangé ; ma mère nous avait dit, émue, comment elle les ramassait, ironie de l'histoire, ici même en Brocéliande, quand elle était étudiante à Rennes.
Alors les sirènes, l'hôpital, les murs peints en vert luisant, les néons tranchants de lumière, le tuyau enfoncé de force dans la gorge, et l'eau qui coule, et la cuvette, verte, qui se remplit. Et la douleur au fond de la gorge, la panique de ceux qui jamais ne paniquent puisqu'ils sont les piliers du monde, mes parents, la honte de vomir en public, les terribles crampes de l'estomac malmené.
Et l'incompréhension, la peur de mourir, à 5 ans...
Les monstres, dans mon enfance, me terrifiaient moins que les humains.
J'ai été puni pour avoir mangé du poison. Ma soeur a été félicitée pour avoir donné l'alerte. Elle aussi en avait mangé, mais elle l'a nié, et on l'a crue, même quand, pour essayer d'empêcher qu'elle meure de ce poison, je l'ai dit. On n'a pas lavé son estomac. Je n'ai plus rien compris. Alors j'ai réfléchi.
Tout ne passe pas, avec le temps. Il est des accidents qui marquent les organes vitaux à vie.
Longtemps, j'ai souffert de crises de foie. Il y avait le lit que je ne quittais pas durant une ou deux semaines. Il y avait la bassine juste à côté, qui peu à peu se remplissait, de plus en plus liquide, jaune. Il y avait les douleurs, les incessantes douleurs qui mettent en nage et font tourner la tête, qui réveillaient en plein milieu de la nuit et faisaient hurler de rage.
Mon corps a fini par signer la paix avec mon foie.
Ma tête n'a jamais pu s'y résigner.
Crise de foi, perte de foi en l'humain, aux dieux qu'il crée. Ca, plus quelques écorchures, plus la haine aux basques comme moyen de survie. Mais on survit, n'est-ce pas ? On survit toujours. Même quand, à l'âge de cinq ans, on efface le monde. Il n'y a pas d'âge pour devenir solipsiste.
Juste comme ça, on survit et on avance, un pas après l'autre.
Une bouffée d'eau au fond de la vase, un frétillement de la queue, et on finit par remonter vers la lumière. Non parce que c'est vital, mais simplement comme ça, un peu par curiosité, beaucoup par habitude.
C'est mon plus ancien souvenir, Luminalba. Je l'avais oublié, perdu de vue, la vie me l'a rendu, mais je n'en veux plus. En veux-tu, toi, de ce gros paquet de vase qui remonte en tourbillonnant du plus profond du lit de la rivière ? Je ne veux pas te l'offrir, c'est un cadeau empoisonné. De la morelle noire. Une plante qui pousse à côté de la fumeterre, sur le même genre de terrain, un peu poussiéreux, très sale, très vague.
Ton reflet me manque, licorne, le reflet de ta magie guérisseuse, l'éclat des lunes sur la nacre de ta corne. L'espoir aussi, le rêve, tout ce qui gomme l'habitude. Tu es tout cela, Luminalba, blanche lumière. Alors je te convoque à nouveau, mes entrailles à l'air pour l'extase de te savoir vivante.
Mais la vie, n'est-ce pas ? Et le temps que l'on passe penché sur ses blessures, comme disait ma soeur licorne, à gratter la croûte pour voir si ça saigne toujours, pour voir si l'on existe ou si l'on n'est qu'un rêve.
Un poisson chat, ce n'est qu'un songe qu'on oublie, une image fugace, entrevue et déjà disparue.
Un éclat de couleur au coin de l'oeil et rien de plus.
Bonne nuit, ma forêt, bonne nuit, le petit Peuple. Le Chuch, qui a tellement grandi, miaule pour sortir affronter le renard qui maraude aux abords du poulailler. Blanc dans la nuit, proie trop aisée pour le hibou grand duc qui hulule le soir au bord de l'étang du Pas du Houx. Désolé, le Chuch. Ta nuit sera avec moi, tu le sais et tu ronronnes déjà.
Bonne nuit, les licornes. Bientôt, je vous reviendrai. Mais l'heure est au léchage de plaies, et mes larmes dans l'eau perdent leur saveur. Il n'est de silence éternel en Brocéliande, puisque même la mort y ouvre ses portes, à une date pas très éloignée de mon anniversaire.
Bonne nuit, le monde. Le Chuch lèche, de sa langue râpeuse, le bout de ton nez, ainsi qu'il a coutume de me faire. Il est comme ça, le Chuch. Il nettoie, même si ça fait mal. C'est sa façon de dire son amour. Il est blanc comme une licorne.
Je me cache au fond de l'eau, dans les remous de la vase, et l'on m'oublie souvent. Avec le temps, va, tout s'en va, faut croire.
Que te dire ? Des excuses ? Il y en aura toujours, et ce ne seront jamais que des circonstances, au minimum, atténuantes. Le temps, on en fait ce qu'on veut, après tout. Il va, il vient, il nous appartient tellement qu'on oublie d'en tenir compte.
Alors voilà, je vais te dire une très vieille histoire.
Cela se passe il y a longtemps, dans une vie d'homme, il y a quarante ans. Un petit garçon, blond au yeux bleus, et sa soeur dans la cour d'une maison, dans un petit village plein de géraniums au fenêtres en été. Je me souviens qu'il y avait un magasin, une quincaillerie, je crois, dans ce village, et que ce magasin s'appelait Trescher. Je ne savais pas lire, mais je déchiffrais déjà les lettres. Plus tard, j'en ai beaucoup ri.
Il y avait de la morelle noire, dans la cour, qui poussait dans un coin vaguement herbeux. On ne sait rien à cinq ans. La fille n'avait que six ans, elle ne savait rien non plus.
"Oh, des myrtilles, mange, c'est bon, les myrtilles, maman aime tellement ça..."
C'est vrai que c'est délicieux, les myrtilles, même si je n'en avais jamais mangé ; ma mère nous avait dit, émue, comment elle les ramassait, ironie de l'histoire, ici même en Brocéliande, quand elle était étudiante à Rennes.
Alors les sirènes, l'hôpital, les murs peints en vert luisant, les néons tranchants de lumière, le tuyau enfoncé de force dans la gorge, et l'eau qui coule, et la cuvette, verte, qui se remplit. Et la douleur au fond de la gorge, la panique de ceux qui jamais ne paniquent puisqu'ils sont les piliers du monde, mes parents, la honte de vomir en public, les terribles crampes de l'estomac malmené.
Et l'incompréhension, la peur de mourir, à 5 ans...
Les monstres, dans mon enfance, me terrifiaient moins que les humains.
J'ai été puni pour avoir mangé du poison. Ma soeur a été félicitée pour avoir donné l'alerte. Elle aussi en avait mangé, mais elle l'a nié, et on l'a crue, même quand, pour essayer d'empêcher qu'elle meure de ce poison, je l'ai dit. On n'a pas lavé son estomac. Je n'ai plus rien compris. Alors j'ai réfléchi.
Tout ne passe pas, avec le temps. Il est des accidents qui marquent les organes vitaux à vie.
Longtemps, j'ai souffert de crises de foie. Il y avait le lit que je ne quittais pas durant une ou deux semaines. Il y avait la bassine juste à côté, qui peu à peu se remplissait, de plus en plus liquide, jaune. Il y avait les douleurs, les incessantes douleurs qui mettent en nage et font tourner la tête, qui réveillaient en plein milieu de la nuit et faisaient hurler de rage.
Mon corps a fini par signer la paix avec mon foie.
Ma tête n'a jamais pu s'y résigner.
Crise de foi, perte de foi en l'humain, aux dieux qu'il crée. Ca, plus quelques écorchures, plus la haine aux basques comme moyen de survie. Mais on survit, n'est-ce pas ? On survit toujours. Même quand, à l'âge de cinq ans, on efface le monde. Il n'y a pas d'âge pour devenir solipsiste.
Juste comme ça, on survit et on avance, un pas après l'autre.
Une bouffée d'eau au fond de la vase, un frétillement de la queue, et on finit par remonter vers la lumière. Non parce que c'est vital, mais simplement comme ça, un peu par curiosité, beaucoup par habitude.
C'est mon plus ancien souvenir, Luminalba. Je l'avais oublié, perdu de vue, la vie me l'a rendu, mais je n'en veux plus. En veux-tu, toi, de ce gros paquet de vase qui remonte en tourbillonnant du plus profond du lit de la rivière ? Je ne veux pas te l'offrir, c'est un cadeau empoisonné. De la morelle noire. Une plante qui pousse à côté de la fumeterre, sur le même genre de terrain, un peu poussiéreux, très sale, très vague.
Ton reflet me manque, licorne, le reflet de ta magie guérisseuse, l'éclat des lunes sur la nacre de ta corne. L'espoir aussi, le rêve, tout ce qui gomme l'habitude. Tu es tout cela, Luminalba, blanche lumière. Alors je te convoque à nouveau, mes entrailles à l'air pour l'extase de te savoir vivante.
Mais la vie, n'est-ce pas ? Et le temps que l'on passe penché sur ses blessures, comme disait ma soeur licorne, à gratter la croûte pour voir si ça saigne toujours, pour voir si l'on existe ou si l'on n'est qu'un rêve.
Un poisson chat, ce n'est qu'un songe qu'on oublie, une image fugace, entrevue et déjà disparue.
Un éclat de couleur au coin de l'oeil et rien de plus.
Bonne nuit, ma forêt, bonne nuit, le petit Peuple. Le Chuch, qui a tellement grandi, miaule pour sortir affronter le renard qui maraude aux abords du poulailler. Blanc dans la nuit, proie trop aisée pour le hibou grand duc qui hulule le soir au bord de l'étang du Pas du Houx. Désolé, le Chuch. Ta nuit sera avec moi, tu le sais et tu ronronnes déjà.
Bonne nuit, les licornes. Bientôt, je vous reviendrai. Mais l'heure est au léchage de plaies, et mes larmes dans l'eau perdent leur saveur. Il n'est de silence éternel en Brocéliande, puisque même la mort y ouvre ses portes, à une date pas très éloignée de mon anniversaire.
Bonne nuit, le monde. Le Chuch lèche, de sa langue râpeuse, le bout de ton nez, ainsi qu'il a coutume de me faire. Il est comme ça, le Chuch. Il nettoie, même si ça fait mal. C'est sa façon de dire son amour. Il est blanc comme une licorne.
mardi 15 mars 2005
Printemps
Ainsi s'en vint le printemps, à la faveur d'un rayon de soleil chauffant doucement les bourgeons des arbres fruitiers qui bientôt seront en fleurs...
Dans la mare tourne toujours le poisson-chat, sans trêve car c'est sa nature. Une ombre de loup s'est profilée à la surface ; excuse-moi du retard, Luminalba, douce licorne, excuse les mots qui pas encore n'ont franchi la barrière de mon esprit. Mais l'ombre du loup m'a bloqué, a empli mon âme, et il fallait que jaillisse ce cri pour que je puisse m'en retourner vers toi.
Mais voilà, le loup s'en est allé, hier j'ai taillé les branches mortes aux troncs des arbres et dorénavant je peux rire et chanter, libre enfin.
Car voici, c'est que le printemps est là, c'est que chantent les oiseaux aux alentours de la longère, c'est que le Chuch fait le fou en jouant avec les chiennes en se prenant pour le maître des lieux, c'est que les poules rousses, se regorgeant, grosses commères austères, font bouffer leurs plumes d'un air pincé en s'indignant de ce qu'elles ne puissent quitter leur basse-cour, jeunes et tendres pousses de salade obligent.
C'est le printemps, Luminalba, le temps de la lumière, le temps où danser sur les champignons en compagnie du Petit Peuple, le temps où s'émerveiller de la floraison des digitales dans les fossés, le temps des crocus jaunes qui éclaboussent de soleil le vert cru et flamboyant, presque fluo, de la pelouse.
C'est le temps où bientôt, très bientôt, je continuerai ton histoire.
Bonjour, le monde, il fait soleil en Brocéliande, aujourd'hui, et c'est un jour magnifique pour rire et danser.
Dans la mare tourne toujours le poisson-chat, sans trêve car c'est sa nature. Une ombre de loup s'est profilée à la surface ; excuse-moi du retard, Luminalba, douce licorne, excuse les mots qui pas encore n'ont franchi la barrière de mon esprit. Mais l'ombre du loup m'a bloqué, a empli mon âme, et il fallait que jaillisse ce cri pour que je puisse m'en retourner vers toi.
Mais voilà, le loup s'en est allé, hier j'ai taillé les branches mortes aux troncs des arbres et dorénavant je peux rire et chanter, libre enfin.
Car voici, c'est que le printemps est là, c'est que chantent les oiseaux aux alentours de la longère, c'est que le Chuch fait le fou en jouant avec les chiennes en se prenant pour le maître des lieux, c'est que les poules rousses, se regorgeant, grosses commères austères, font bouffer leurs plumes d'un air pincé en s'indignant de ce qu'elles ne puissent quitter leur basse-cour, jeunes et tendres pousses de salade obligent.
C'est le printemps, Luminalba, le temps de la lumière, le temps où danser sur les champignons en compagnie du Petit Peuple, le temps où s'émerveiller de la floraison des digitales dans les fossés, le temps des crocus jaunes qui éclaboussent de soleil le vert cru et flamboyant, presque fluo, de la pelouse.
C'est le temps où bientôt, très bientôt, je continuerai ton histoire.
Bonjour, le monde, il fait soleil en Brocéliande, aujourd'hui, et c'est un jour magnifique pour rire et danser.
mardi 22 février 2005
Le temps
Ces mots-là ne sont pas de moi ; peut-être les as-tu déjà entendus, je les ai volés à un cadavre oublié, dont le crâne n'est plus couvert par une mousse neigeuse de pensées anarchistes. Car c'est toujours l'hiver, ici, le temps du sommeil, le temps des souvenirs. Je me souviens comme tu disais que tu ne pouvais pas travailler en ma présence ; je me souviens comme, sous une identité d'emprunt, j'avais été le vérifier, et j'en avais été ému ; mais avec le temps, même les plus chouettes souvenirs, ça t'a une de ces gueules à la galerie j'farfouille dans les rayons de la mort, le samedi soir quand la tendresse s'en va toute seule.
Avec le temps, va, tout va bien...
Tu t'es faite invisible, tu t'es faite présence fantômatique, reflet d'écume sur la mer des souvenirs embellis par la nostalgie. Et l'on se sent tout seul peut-être mais peinard, et l'on se sent floué par les années perdues...
Alors, probablement, avec le temps, tu ne m'aimes plus, si tu m'as jamais aimé ; le coeur, quand ça bat plus, c'est pas la peine d'aller chercher plus loin, faut laisser faire et c'est très bien.
Combien de licornes venues boire dans la mare où je planque les souvenirs, tout au fond, sous la vase ? Tant et tant, tant de temps passé, et seul un reflet pour savoir que je n'ai pas rêvé tout seul. Combien de licornes, combien de cornes plongeant dans l'onde, quand seul un reflet encore me murmure la tendresse chérie des souvenirs qui se délitent ?
Luminalba, oh ma blanche lumière de licorne, mon plus beau souvenir, mes plus belles gouttes salées, rouges ou transparentes, Goethe mourant appelait pour plus de lumière, mais je ne suis pas allemand ...
Mais peut-être n'est-il plus temps de passer les heures à écouter Léo, peut-être que la poussière finira par m'empêcher de respirer ; sur le CD, j'ai gravé Cow-boy Junky qui chante : Won't you share a common disaster ? Share with me a common disaster ? A common distaster...
Les mots filent entre mes doigts comme du sable, comme le temps, et je ne sais que t'écrire, comment ramener de la vase les sourires que tu m'offrais comme poussaient les roses, éblouissantes et vite passées, comme un flash de lumière qui figerait le temps. Ou encore, ces moments où sous ton mépris apparent, je sentais poindre la douleur que je t'avais infligée.
Il est une autre chanson, sur ce CD, de Nick Cave, qui elle aussi a le pouvoir de soulever la poussière pour en faire les colonnes sur lesquels je bâtis, à l'aide de lettres, le temple où t'abriter : What they say here is true, then we'll meet again, me and you".
L'eau a gelé dehors, dans les flaques, et je m'asphyxie dans ma tête, je manque d'air... Offre-moi ton souffle, offre-moi tes lèvres, et respirons ensemble.
This prayer is for you, my love, sent on the wings of a dove, an idiot prayer of empty words...
Piano et violon, ligne de basse, puis silence... Ne me laisse pas étouffer au fond de la mare, j'ai besoin de printemps et d'arbres feuillus, de chants d'oiseaux et de digitales au fond des fossés, de rires et de joies, de sabots résonnant sur la terre qui sonne comme un tambour, de mouvement et d'élan ; mais pour toi, je râpe ma peau à l'écorce des souvenirs, je puise à l'encre des remords et de la tristesse, de ce qui fut et ne sera plus, de ce qui aurait pu être et ne sera pas, de tout ce que je sais de toi et de tout ce que j'ignore encore.
A bientôt, Luminalba, à bientôt, les licornes, à bientôt, le monde... Le printemps viendra. Forcément. Un jour ou l'autre.
Avec le temps, va, tout va bien...
Tu t'es faite invisible, tu t'es faite présence fantômatique, reflet d'écume sur la mer des souvenirs embellis par la nostalgie. Et l'on se sent tout seul peut-être mais peinard, et l'on se sent floué par les années perdues...
Alors, probablement, avec le temps, tu ne m'aimes plus, si tu m'as jamais aimé ; le coeur, quand ça bat plus, c'est pas la peine d'aller chercher plus loin, faut laisser faire et c'est très bien.
Combien de licornes venues boire dans la mare où je planque les souvenirs, tout au fond, sous la vase ? Tant et tant, tant de temps passé, et seul un reflet pour savoir que je n'ai pas rêvé tout seul. Combien de licornes, combien de cornes plongeant dans l'onde, quand seul un reflet encore me murmure la tendresse chérie des souvenirs qui se délitent ?
Luminalba, oh ma blanche lumière de licorne, mon plus beau souvenir, mes plus belles gouttes salées, rouges ou transparentes, Goethe mourant appelait pour plus de lumière, mais je ne suis pas allemand ...
Mais peut-être n'est-il plus temps de passer les heures à écouter Léo, peut-être que la poussière finira par m'empêcher de respirer ; sur le CD, j'ai gravé Cow-boy Junky qui chante : Won't you share a common disaster ? Share with me a common disaster ? A common distaster...
Les mots filent entre mes doigts comme du sable, comme le temps, et je ne sais que t'écrire, comment ramener de la vase les sourires que tu m'offrais comme poussaient les roses, éblouissantes et vite passées, comme un flash de lumière qui figerait le temps. Ou encore, ces moments où sous ton mépris apparent, je sentais poindre la douleur que je t'avais infligée.
Il est une autre chanson, sur ce CD, de Nick Cave, qui elle aussi a le pouvoir de soulever la poussière pour en faire les colonnes sur lesquels je bâtis, à l'aide de lettres, le temple où t'abriter : What they say here is true, then we'll meet again, me and you".
L'eau a gelé dehors, dans les flaques, et je m'asphyxie dans ma tête, je manque d'air... Offre-moi ton souffle, offre-moi tes lèvres, et respirons ensemble.
This prayer is for you, my love, sent on the wings of a dove, an idiot prayer of empty words...
Piano et violon, ligne de basse, puis silence... Ne me laisse pas étouffer au fond de la mare, j'ai besoin de printemps et d'arbres feuillus, de chants d'oiseaux et de digitales au fond des fossés, de rires et de joies, de sabots résonnant sur la terre qui sonne comme un tambour, de mouvement et d'élan ; mais pour toi, je râpe ma peau à l'écorce des souvenirs, je puise à l'encre des remords et de la tristesse, de ce qui fut et ne sera plus, de ce qui aurait pu être et ne sera pas, de tout ce que je sais de toi et de tout ce que j'ignore encore.
A bientôt, Luminalba, à bientôt, les licornes, à bientôt, le monde... Le printemps viendra. Forcément. Un jour ou l'autre.
mardi 8 février 2005
Pluie d'hiver sur Brocéliande...
... Et la terre, sèche, boit l'eau, revit, espère, rêve.
Cette nuit, deux yeux, au ras du sol, une biche dans un fossé jouait à se faire passer pour un renard ; biche ou licorne ? L'équinoxe d'hiver s'éloigne, la vie reprend ses droits.
Pluie d'hiver aussi, sur mon âme : froide, glaçante même, mais revigorante. Tu peux lire, Lucie, tout, désormais, puisque tu as désaltéré mes rêves ;-)
Luminalba ne sera probablement pas montrée au jour ainsi que prévu à l'origine... Mais bientôt, elle secouera sa crinière au-dessus de la fontaine de Barenton, et viendra l'orage, gardez les yeux ouverts.
David m'a prêté un CD de Bjorn Berge, un bluesman du froid (Norvégien, si je me souviens bien) ; dessus, grosse surprise, il y a une reprise de "Ace of Spades". je ne m'attendais pas à ça, mais peut-être que c'est cela, le rythme qui convient pour faire sortir Luminalba, pour l'amener hors des sombres sous-bois en pleine lumière. Mais prenez garde, car seules les âmes pures voient les licornes.
Et vous, ne baissez pas les cornes, licornes, même quand l'une de vos soeurs menace de s'écrouler, même quand sourd le sang bleu des écorchures de son passé ; faites front, car les temps sont froids, peut-être même sommes-nous au coeur de l'hiver de l'homme. Il est des douleurs qui nous apprennent à vivre en commun, et bien souvent elles sont très proches de nos angoisses profondes.
Au poisson-chat, qui tourne en rond au fond de la rivière, presque à sec avant l'arrivée de la pluie d'hiver, il reste le blues pour mettre du chaud dedans le corps. Pluie d'hiver, pluie d'hiver... Quelle importance la pluie quand on est mouillé, dit la carpe. Fouillons le fond, sous la vase se trouvent encore de gros vers à déguster, des bébés dragons à dévorer, des cauchemars à digérer. Et le poisson-chat tourne, tourne, tourne, sur la musique de Bjorn Berge, c'est bon, ça, coco, bientôt, bientôt, bientôt... (Demain on rase gratis)
Bon appétit, bons rêves, le monde. Il est tard, et je dois m'en aller dormir.
Cette nuit, deux yeux, au ras du sol, une biche dans un fossé jouait à se faire passer pour un renard ; biche ou licorne ? L'équinoxe d'hiver s'éloigne, la vie reprend ses droits.
Pluie d'hiver aussi, sur mon âme : froide, glaçante même, mais revigorante. Tu peux lire, Lucie, tout, désormais, puisque tu as désaltéré mes rêves ;-)
Luminalba ne sera probablement pas montrée au jour ainsi que prévu à l'origine... Mais bientôt, elle secouera sa crinière au-dessus de la fontaine de Barenton, et viendra l'orage, gardez les yeux ouverts.
David m'a prêté un CD de Bjorn Berge, un bluesman du froid (Norvégien, si je me souviens bien) ; dessus, grosse surprise, il y a une reprise de "Ace of Spades". je ne m'attendais pas à ça, mais peut-être que c'est cela, le rythme qui convient pour faire sortir Luminalba, pour l'amener hors des sombres sous-bois en pleine lumière. Mais prenez garde, car seules les âmes pures voient les licornes.
Et vous, ne baissez pas les cornes, licornes, même quand l'une de vos soeurs menace de s'écrouler, même quand sourd le sang bleu des écorchures de son passé ; faites front, car les temps sont froids, peut-être même sommes-nous au coeur de l'hiver de l'homme. Il est des douleurs qui nous apprennent à vivre en commun, et bien souvent elles sont très proches de nos angoisses profondes.
Au poisson-chat, qui tourne en rond au fond de la rivière, presque à sec avant l'arrivée de la pluie d'hiver, il reste le blues pour mettre du chaud dedans le corps. Pluie d'hiver, pluie d'hiver... Quelle importance la pluie quand on est mouillé, dit la carpe. Fouillons le fond, sous la vase se trouvent encore de gros vers à déguster, des bébés dragons à dévorer, des cauchemars à digérer. Et le poisson-chat tourne, tourne, tourne, sur la musique de Bjorn Berge, c'est bon, ça, coco, bientôt, bientôt, bientôt... (Demain on rase gratis)
Bon appétit, bons rêves, le monde. Il est tard, et je dois m'en aller dormir.
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